Sans chercher à proposer des conclusions définitives, elle questionne le rapport des organisations d’extrême-gauche à l’illégalisme et à la violence, symbolique ou réelle, dans un contexte de raidissement de l’État (effets de la « loi anti-casseurs » votée en juin 1970 ; politique de Raymond Marcellin, ministre de l’intérieur ; etc.). Elle est construite de manière à restituer prioritairement les points de vue — fondés sur une mémoire et une culture politiques, mais relevant aussi de réflexions plus philosophiques — les répertoires d’action et les interrogations de ceux qu’on nommait alors « les militants » (membres d’organisations politiques, jeunes, ouvriers, paysans, travailleurs immigrés, artistes, intellectuels, etc.). Avec une distance se voulant pédagogique, elle rend compte, ainsi, de la diversité des politiques de riposte — de la désobéissance civile et des actions non-violentes à la tentation de l’action armée en passant par de multiples expériences de contestation et d’insubordination.
Ce retour, par les archives, sur les années Pompidou telles que vécues par la gauche extra-parlementaire devrait contribuer à éclairer notre présent. Nombre de questions soulevées alors restent en effet d’une grande actualité, qu’il s’agisse par exemple de la dénonciation de la violence « légitime » de l’État, de l’invention de nouvelles formes de mobilisation, du sort réservé aux militants ou de l’engrenage répression/radicalisation.
Commissaires de l’exposition : Philippe Artières, historien des XIXe et XXe siècles au CNRS (IRIS, EHESS), et Franck Veyron, responsable du département des archives de La contemporaine.