Pour résumer : Arié Alimi s’appuie dans son opuscule Le Coup d’état d’urgence (Le Seuil) sur deux théories pour nous raconter ce que nous vivons.
La première : d’un état d’urgence l’autre, nous sommes passés de sujets de droit à « sujets virus ». Désormais, chaque citoyen est considéré comme un danger potentiel. Un passage politico-policier qui voudrait nous fait perdre nos possibilités à défendre nos libertés.
L’autre idée force du pamphlet est celle de la « théorie de la tâche d’huile ». Une atteinte aux libertés en annonce toujours d’autres. Inexorablement.
Les deux sont rendues possibles grâce à la mise en place d’un mécanisme de surveillance généralisée et de quadrillage policier du territoire, qu’Alimi détaille (les drones, les lois, les Préfets hors des lois, etc).
C’est un premier livre, comme on dit d’un premier album. Tout à l’énergie. C’est à lire, à l’heure où le combat fait rage.
Extraits
« Si les états d’urgence sécuritaire et sanitaire ont été déclarés en quelques jours, les mécanismes d’essentialisation et de réduction progressive des libertés se sont inscrits dans la durée » (p. 54)
De la violence des perquisitions administratives (p.49) et du « conditionnement social, médiatique et civique » qui tétanise les perquisitionnés comme tout le reste de la société.
« Ce que cherche avant tout l’Etat, c’est l’efficacité dans la gestion des populations (...) Efficacité par une #surveillance optimale des corps et des consciences et se heurte aux #libertés fondamentales. Un combat a lieu entre l’état (...) et un petit nombre de résistants » (p.62)
« La rue (...) est devenue un no man’s land annexé à l’Etat » #drones (p.64)
« La stratégie de l’illegalisme [par la @prefpolice avec ses drones] est délibérée. Elle a pour objectif de repousser les limites de l’admissible, de banaliser les pratiques illégales afin d’habituer l’opinion publique à leur usage » (p.73)
« L’état d’urgence c’est cela : un mouvement normatif incessant, matérialisé par une succession ininterrompue de nouvelles lois qui détruisent le cadre de l’état de droit dans lequel nous vivions il y a encore peu de temps » (p.77)
« Pendant l’état d’urgence sanitaire, c’est la police qui fait la loi. L’état de police est ce régime où l’administration policière prend le pas sur le pouvoir législatif, chargé d’édicter les lois, et l’autorité judiciaire, chargée de la faire sanctionner » (p.110)
« Ces expérimentations géographiques et temporelles du contrôle social [en banlieue] constituent des états d’exception, des brèches dans le droit commun. L’objectif de l’expérimentation géographique dans les quartiers populaires est d’affiner l’usage de ces dispositifs sur des populations qui n’intéressent pas l’opinion publique » (p.115)
« Une victime de #ViolencesPolicieres est doublement victime : de la violence policière proprement dite, puis de la violence judiciaire qui a vocation à éteindre sa parole de victime » (p.123)
« L’état d’urgence est ce moment où la toute puissance administrative se fait jour. Pendant le #confinement, la police est devenue maîtresse absolue de la sphère publique, détentrice du résidu de liberté de se déplacer de toute la population » (p. 143)
« Le monde d’après, c’est celui dans lequel nous vivions. Celui de l’urgence et de l’exception » (p.174 et fin)