Pour cet expert de longue date des conflits, nous ne sommes pas en guerre. Ceux qui prétendent le contraire produisent des enflures verbales, juge-t-il. « Si on était en guerre, il y aurait une censure de guerre. Quand on est en guerre, il y a cela : on la boucle ! Or, nous, on est plutôt dans la société du spectacle. Il y a des gens qui se font de l’argent ou du capital en vendant de l’angoisse, dans un jeu pervers. »
Il faut relativiser, dit-il, ce qu’on nous présente sans cesse comme une menace terroriste. « Quand on voit le nombre de morts que nous subissons par rapport au nombre qu’il y a ailleurs, c’est bien sûr une surévaluation considérable. Il y a eu beaucoup de morts en Asie et en Afrique dont nous ne parlons que très peu. Imaginons que le 11 septembre 2001 se soit déroulé en Malaisie, où se trouvent les tours Petronas, aussi hautes que le World Trade Center. On en aurait parlé une grosse semaine. » C’est un sinistre enchaînement, croit-il, alors que l’Occident n’a subi que 2 % des attentats mondiaux et que la drogue fait plus de ravage que le terrorisme.
« Les risques que vous et moi disparaissions dans une attaque à caractère terroriste sont d’un sur un million, si ce n’est pas plus. En réalité, nos problèmes immédiats sont de faire attention quand nous conduisons ou quand nous traversons la rue. »