tam tam etc

joey starr, le vieil ami

Par David Dufresne, 1er mars 2003 | 14154 Lectures

Le portrait :

A gauche, Starr Joey A l’extreme gauche, Besancenot Olivier

NTM / LCR Trois lettres, deux vies

D’un côté, la bête de scène / de l’autre, l’animal politique en devenir, comme on dit à la CGT

La révolution du son pour le premier / Le son de la révolution pour le second

L’un est facteur / l’autre messager Factures / fractures

Face à face : Un porte voix / Et un porte parole

Dans le rap, on appelle ça une battle Une joute verbale

Dans les milieux trotsko, une scission

Avanti populo ! comme le dit Besancenot dans son livre « Révolution »

A part ça. Il est là. Joey. L’ami Joey. Le vieil ami.

Bon sang ! Dans le Figaro, ils lui ont trouvé un surnom. Un truc à faire tomber Hollywood ! Un truc à la Eminem ! Le truc, c’est / archange du désordre.

Faut oser. Faut rosser ! Joey, c’est plus / et moins que ça.

Un combattant de l’ennui. Un gars de la France du dessous, de la Sous-France, pas celle d’en bas, celle au top du Hip Hop - depuis quand déjà ?

Désarroi-déjà roi, sa plus grande rime.

C’était du temps où tout démarrait. Le temps des 20 ans. Il y avait toute la smala, le Supreme NTM en force, Joey, Kool Shen, Sear, le fanzine Get Busy1, au Forum des Halles.

Jean-Charles Marchiani, préfét du Var, n’avait pas encore poursuivi le groupe pour outrage aux forces de l’ordre à cause d’un de ses morceaux. Police.

Jean-Charles Marchiani n’était pas encore, non plus, mis en examen pour « recel d’abus de biens sociaux » et « trafic d’influence » dans une affaire de trafic d’armes à destination de l’Angola2.

Présomption d’innoncence, respect

Et maintenant, Joey toujours là. Tête brûlée, sang chaud et bouillant. Les faits divers, tout ça. La prison, rien que ça. Le syndrome casier judiciaire. Condamné un jour, condamné toujours. Comme les punks, comme les trotskystes, un jour/toujours. Une télé, un singe, et Bardot qui rapplique. Sales Coups et blessures. Cette violence, faudra bien en parler. La canaliser.

Justement. C’est quoi ce machin sur Canal +, tous les soirs ? 60 jours, 60 nuits, 60 rien. Son plus beau fric-frac, de la publicité clando pour sa ligne de fringues. Tout montrer pour mieux se cacher. Faut payer, cash. Pour voir quoi ? Des patrouilles, de la trouille, l’ennui au Kentucky Fried Chicken. Pour voir que Joey, il est comme tout le monde. L’intimité, c’est décevant. Et ça vaut mieux. Sinon, c’est Lalane.

Car Joey, c’est du Lalane inversé. La vie en verlan, retournement, contournement, détournement. Mais non ! pas un archange, un anachrosnisme ! Un trentenaire de la banlieue Nord. Un individu qui refuse le principe de précaution et les assurances-survies. Un homme d’instinct.

Dans son livre, Olivier Bensancenot cite le Che en exergue. « Soyons réalistes, réclamons l’imposible ».

Joey, ce serait plutôt la réciproque. « Soyons impossibles, réclamons la réalité ».

Notes :

  • Lieu : Studio 132, Maison de la Radio, Paris.
  • Emission : Tam-Tam (France Inter). Le site dit : « Dans le cadre des interviews croisées du vendredi, c’est Joey Starr qui sera interviewé par Olivier Besancenot. ».
  • Enregistrement : la veille, à 17h.
  • Personnages : Joey Starr (big up !), Olivier Besancenot (LCR), Pascale Clark (hello !) et ma pomme, mort de trac comme à chaque fois. La voix, les mains, les notes qui tremblent.

Durant l’émission, Joey aura cette phrase/sentence : « on est comme on est, parce qu’on a peur ».

Voilà. Ainsi va la vie.

Un jour, il faudra que je raconte cette plus-que-décénnie avec Joey en arrière fond. Rencontres multiples, et riches, et belles. Mais si. Don’t judge a book by looking at the cover.

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