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C'était écrit, dès le premier écran, en novembre 1995, dès le premier jour, ou presque. Zone d'autonomie temporaire, La Rafale pourrait disparaître comme elle est apparue: soudainement. Une question
de liberté. En novembre 1996, l'éventualité s'est faite réalité et le site s'est arrêté, La
Rafale s'enraye, ça chute et ça meurt. 130 pages, d'un coup, hop, à la trappe. Et ça tire le rideau un an jour pour
jour après l'avoir levé, une nuit de 1995.
Une question de symbole, idiot mais efficace comme un symbole.
C'était écrit, donc. A peine née, la Rafale se savait condamnée. Condamnée à errer dans un réseau quasi-autiste (l'Internet, qui semble vivre par et quasi que pour lui-même et qui, en outre, «communique» plus qu'il ne «dit» [1]), condamnée à résister face à bien plus coriace qu'elle [2], mais encore condamnée à suivre (avec délectation mais danger) les nouvelles technologies, délicieuses mais contraignantes (Java, plug-ins, etc, cf. [3]). Condamnée à clamser, quoi. Et vite. Et bien. Et vite fait bien fait. Ainsi, la Rafale a jeté l'éponge. 404 URL Not Found. Ainsi les limites du petit Web bricolé-maison sont d'une certaine façon atteintes. J'avais surestimé mes forces face à l'isolement et la solitude infligés à tout webmestre de fond qui, comme le coureur du même nom, s'essouffle plus vite à mesure qu'il approche de son but. Une grosse maladresse, en effet, que d'avoir voulu pousser la logique du web à son extrême. En gros: jouer à l'éditeur, seul chez lui. Sans voir personne. A la fin, ça confinait au repli. Au non-échange. Une terreur. Une erreur. Mais, comme le disait avec humour un Rafraleur - en ces temps où le site agonisait publiquement et les témoignages affluaient - si «se suicider peut provoquer la mort» ; je préfère l'euthanasie à la sénilité. Plutôt capituler que se résigner. Mieux vaut abandonner, que coucher avec l'ennemi. Mieux vaut fuir que sombrer dans l'ennui. Même si l'époque commanderait plutôt la seconde attitude. Cette époque qui ne sait plus que «gérer» et qui prétend élever la culture au rang de «culture d'entreprise», comme pour mieux camoufler son ignorance et/ou son manque d'exigence. Ainsi donc, La Rafale a pointé son propre pistolet-mitrailleur contre elle. Ça ne fait, au fond, qu'un cadavre de plus. C'est quoi? C'est rien. Ailleurs, d'autres agités, on imagine, fomentent à leur tour d'autres pages. Que la fée électricité les anime! La Rafale est morte, elle s'est enterrée elle-même. C'est la plus belle mort, la seule qui vaille d'être vécue. Dans la joie et la délivrance, donc. Ni fleurs, ni couronnes. Merci à tous ceux qui ont contribué d'une façon, ou d'une autre à La Rafale. Et bon vent à chacun.
DavDuf.
PS: Spéciale dédicace à Emmanuelle,
qui sait pourquoi. Enfin, pour ceux qui voudraient en savoir plus, lire la F.A.Q (off ?) Pourquoi la Rafale s'est tournée le pistolet-mitrailleur contre elle. Mais encore la première déclaration d'intention de la Rafale, et la seconde.
[ fin ] |
[1] exemple flagrant, les statistiques de La Rafale
montraient que les curieux l'étaient d'autant plus dès
que les sujets du site tournaient autour du Net, et d'autant moins dès quand il s'agissait du reste - pourtant majoritaire (Jean-Patrick Manchette, Malik Oussekine, le Réseau anti-télé, etc.). Quant à savoir
si parler du Net est un cheval de Troie pour parler
d'autre chose, comme les pages de cul font grimper
les connexions et amèneraient potentiellement
le chaland vers autre chose, cela n'est pas impossible.
Mais si tel est le cas, quelle défaite. [2] la publicité qui, déjà, a perverti plus d'un webmestre pseudo-indépendant. Et le commerce électronique qui, bientôt, balayera et balisera tout sous son passage-compresseur/censeur. On pense ici à ces webmestres qui s'agitent pour défendre une liberté dont ils ne font rien, ou quasiment. A part ressasser de vieux rêves hippies et rances, ou des projections technoïdes qui glacent le dos comme ils électro-choquent tout velléité de mettre un peu d'humain et de maladresse sur le Net. Ce réseau trop lisse qui, à force de jouer au perfectionniste, rappelle trop son géniteur: la société productiviste américaine. [3] Voir quand le Web indé progresse, l'ennemi marque des points, article branleur qui annonçait, prémonitoire, «ceux qui vont mourrir te saluent». |