L’histoire. Les groupes. Le mouvement.

yo ! révolution rap

Un (vieux) livre sur le Hip Hop.

Par David Dufresne, 16 mars 2003 | 169155 Lectures

NEW YORK SCENE (et ses environs)

L’écurie Def Jam, aussi essentielle et influente soit-elle, n’a pas le monopole de la scène Hip Hop new-yorkaise, loin de là. D’autres artistes et posses y évoluent, parfois depuis très longtemps comme le Juice Crew, Boogie Down Productions/KRS One, Kool Moe Dee, Just-Ice et des dizaines d’autres...

  • KRS ONE
  • The Homeless

Lawrence Kris Parker, 25 ans, est plus connu sous le dimunitif de Kris Parker et encore plus sous le pseudo de KRS One (Knowledge Reigns Supreme Over Nearly Everyone : le savoir règne en maître suprême sur presque tout le monde). Né de parents américain et jamaïcain (ça aura une influence sur sa musique), KRS One déserte le foyer maternel (nulle trace du père) dès l’âge de 13 ans. « Ma mère, célibataire, était submergée de responsabilités. Son manque de confiance dans l’avenir créait une pression insupportable à la maison. Je suis parti à l’âge de 13 ans pour vivre une vie encore plus précaire, allant de parc en métro et en abri. Mais au moins, c’est moi qui contrôlais les choses. La plupart des choses que je sais, ma culture, les choses que j’essaie de faire passer dans mes chansons, je les ai apprises soit par des conversations avec des adultes éclairés, soit par mon étude propre. J’allais demander aux gens un abri, et j’en ressortais avec beaucoup plus que ça » (81). Le bonhomme a le courage (la force ?) d’éviter certains pièges. Entre deux oreillers vendus au coin de la rue, il fréquente assidûment les bibliothèques publiques, étudiant l’histoire, la philosophie et la théologie.
C’est vers 84, au refuge des sans-abri Franklin Armory Men’s Shelter, qu’il rencontre l’éducateur Scott Monroe Sterling, qui commence sérieusement le soir à se faire un nom (Scott La Rock) au Broadway International Club. Ensemble, ils écument les Bronx Parties et celles du Latin Quarter. KRS One remplace Castle D au sein des Celebrity 3, le crew de Scott La Rock que fréquente la future madame Parker, Ramona de son prénom, MS Mélodie sur scène & sur disque, ex-Satis5, puis KOA Crew (Kiss Our Ass !). KRS et Scott enregistrent leur premier single sur Fresh/Sleeping Bag Rds, le bien nommé Success In The World (un véritable carton... underground !) sous l’appellation de 12.41. D’autres titres (Advance, Fly Society, etc.) sont enregistrés et semblent être restés au fond d’un placard (les bandes sont rarement dans un tiroir contrairement à la légende...). L’influence de Scott La Rock sur KRS One est immense : 1) c’est lui qui le pousse à prendre le micro et 2) intellectuellement, il lui ouvre de nouveaux horizons. « Scott est la graine de BDP, et j’en suis l’arbre » (82). BDP (Boogie Down Productions) est le nom que l’équipe va endosser (récemment, BDP est devenu une véritable société de production).

  • Criminal Minded

1986 voit la sortie du premier single de Boogie Down Productions : Crack Attack (sur B-Boys Rds), très rapidement suivi par l’album Criminal Minded. « Nous lui avons donné ce nom parce que cela montrait une nouvelle manière de penser. C’est mauvais d’avoir des activités criminelles, tuer ou voler quelqu’un, mais il faut penser avec un esprit criminel (criminal minded). L’Amérique a été fondée par des criminels, elle a été construite par des criminels et son histoire est truffée d’actions criminelles, ce que certaines personnes appellent »un pays qui se développe« . Le gouvernement, le congrès, etc., ont cet esprit criminel. ils contrôlent les média, mais nous n’avons pas le droit de contrôler quoi que ce soit hormis ce pour quoi on travaille. C’est de la criminalité. Un gouvernement, c’est fait par le peuple pour le peuple mais en 88, nous en sommes arrivés à un point où le gouvernement fait exactement ce qu’il veut et le public doit en subir les conséquences. Le public devrait s’unir contre le gouvernement, là le pays changerait de façon théâtrale. Mais penser ainsi, c’est penser comme un criminel. C’est de la trahison, ici, en Amérique » (83). La pochette montre Scott et KRS armés de flingues et de grenades. Mais chez eux, ce cliché a un second degré. Tenant à s’adresser à un public dur, seule une pochette dure peut l’attirer. Alors que le Rap revient en force dans les charts, Criminal Minded se vend à 200 000 copies. Chiffre ridicule si on le compare aux scores des Beastie Boys ou Run DMC (alors en pleine gloire) mais plus qu’encourageant si l’on considère que Criminal Minded n’était pas un disque facile : d’abord les textes concernés (Criminal Minded, 9mm (Bang), The P. Is Free, Poetry, etc.) ; ensuite la musique très minimaliste, loin du son métal des sus-cités. BDP s’en prend d’ailleurs à Run DMC dans Dope Beat : « Je suis KRS One/Je ne porte pas d’Adidas/Parce que je ne m’appelle pas Run ». Et puis, ils ont le culot d’écrire South Bronx et The Bridge Is Over qui clament haut et fort que le Bronx est la patrie d’origine du Rap. L’influent Juice Crew ne l’entend pas de cette oreille et les clubs et radios du Queens (territoire du Juice Crew) censurent BDP. La Bridge War durera deux ans. Comme quoi, si le Rap est une grande famille, il en a aussi - parfois - les désagréments.

  • T’Cha - T’Cha

Arrêtons-nous un instant sur la manière dont KRS One conçoit le Rap. Pour lui, c’est la musique des opprimés des 90’s comme le furent, en leur temps, le Gospel, le Jazz, le Blues, le R&B et le R&R. Dénominateur commun à toutes ces musiques : elles sont d’origine NOIRE. A y regarder de plus près, seul le Punk (et son avatar bien propre, la New Wave) a été « inventé » par les Blancs (pour le concept, parce que la musique elle vient du Rock qui lui vient du Blues, etc.). L’essentiel, c’est que, comme le répète KRS One depuis bientôt cinq ans,« le Rap doit rester Hardcore. A chaque fois qu’il s’édulcore, il devient autre chose, et ça bousille tout. Il faut que ça reste Hardcore. Pas forcément des rythmes durs, mais des paroles dures associées à des rythmes durs, associés avec de nouveaux styles de musique. Ça, ça fait avancer le Rap » (84). Et il appuie ses dires par un mélange Rap/Reggae rudement efficace, flirtant avec le Raggamuffin’ parfois, inédit et neuf quasiment toujours (la récente venue du toaster Jamal Ski au sein de BDP laisse entrevoir un développement dans ce sens...). En fait, c’est dans tout le BDP Crew, de D-Nice (ami d’enfance de KRS One qui a réalisé à l’été 90 son debut-Lp : Call Me D-Nice sur Jive) à MS Melodie et Harmony (sœur de la précédente et coupable d’un Lp pas entièrement Rap, Let There Be In Harmony, chez Virgin en 90), que l’on peut retrouver ces inspirations afro-jamaïcaines, dans une moindre dimension, il est vrai.

  • 9mm (Bang)

Le 26 avril 1987, Scott La Rock est abattu à l’âge de 25 ans dans le Bronx. Les versions du drame sont nombreuses : une histoire de filles qui ne le concernait pas, un coup de main apporté au jeune D-Nice pour le tirer d’une rixe face à six types (c’est le récit le plus probable), ou encore il aurait été assassiné au volant de sa Jeep. L’histoire a été racontée cent fois par cent personnes différentes. Deux seules certitudes : Scott La Rock est mort au Misericordia Hospital (encore ne sait-on pas si ce sont deux balles de 22 ou une de Magnum qui l’ont touché à la tête) et le crime reste irrésolu (La Rock n’est malheureusement pas le seul rapper tombé sous les balles. Le dernier en date s’appelle Brandon Mitchell, il avait 19 ans et officiait comme DJ dans Motown Wreck ’n’ Effect. Il a été descendu à l’hiver 90).
L’ombre de Scott La Rock plane toujours sur le BDP Crew et sur KRS One. Ce dernier y fait fréquemment allusion dans ses chansons et sur ses pochettes. On y voit même, sur l’une d’elles, une photo du propre fils de Scott La Rock. Cette fidélité/conjuration du sort tout ce qu’il y a de plus réel a quelque chose de profondément touchant. Contrairement à la légende entretenue par la presse - notamment française - Kris Parker ne s’est pas mis à se battre en faveur de la paix après la mort de Scott La Rock. Le cliché serait trop facile (bien que ce fut le cas pour Afrika Baambaataa et sa Zulu Nation). La disparition de La Rock n’a pas joué un rôle de détonateur et encore moins de révélation pour KRS (sept ans dans la rue lui suffisent) mais, peut-être, fut-elle l’accélérateur. Car l’album Criminal Minded, teinté d’attitude responsable et de prise de position envers la violence, et le titre Stop The Violence (morceau phare du second Lp) lui sont ANTERIEURS !

En mars 88, KRS signe chez Jive, label indé rattaché à RCA. B-Boys Rds ayant un mal fou à signer les chèques, KRS One décide de s’en séparer, surtout après que ceux-ci lui ont fait comprendre que la mort de Scott La Rock pouvait se « rentabiliser ». Criminal Minded sera d’ailleurs remixé en 88 et sorti sous forme de double Lp : Man & His Music. RCA, c’est Presley post-Sun Rds. Et KRS One n’est pas tendre envers son distributeur américain : « RCA est historiquement une organisation raciste. Ils ont Elvis et il a carrément dit que les Noirs pouvaient tout juste cirer ses pompes. Et RCA était impliqué là-dedans » (85). Alors, pourquoi travailler avec eux ? « L’ultime stratégie est de s’asseoir à l’opposé de la table de son ennemi, de fêter avec lui, et petit à petit de changer de siège jusqu’à arriver à sa hauteur et lui trancher la gorge » (85). Evidemment, c’est imagé. Mais si les raccourcis/amalgames facilitent les choses, ils sont souvent dangereusement trompeurs.

  • By All Means Necessary

Est le titre du second Lp de Boogie Down Productions. La pochette - somptueuse - représente KRS One, posté derrière un rideau, l’Uzi à la main. Détail croustillant, l’Uzi n’est pas armé : « c’est parce que le photographe était nerveux. Extrêmement nerveux. On a essayé tout un assortiment d’armes avant de s’arrêter sur un Uzi, je trouvais que ça avait plus de présence en termes d’image. Il ne voulait pas prendre la photo, parce que le cran de sûreté n’était pas enclenché. Il ne pouvait pas se concentrer. On l’a mis. Il a dit qu’imprimé, ça ne se verrait pas. Mais un oeil exercé le voit bien » (86). Et tous ceux qui connaissent l’histoire américaine comprennent le clin d’oeil : la photo fait référence à un célèbre cliché du leader noir Malcolm X, prise quelques jours avant son assassinat et peu après que sa maison n’eût été plastiquée. Pour Malcolm X, c’était une manière d’appliquer le Droit américain d’auto-défense. By All Means Necessary (« Par tous les moyens nécessaires ») est d’ailleurs un des plus fameux slogans de Malcolm X.

Pour KRS, cette pochette a une signification hautement symbolique. Une sorte de défi lancé au public et aux médias dont certains voudraient le voir, après la mort de Scott La Rock, avec une image adoucie et délavée. « Dans la lutte pour la Paix Mondiale, explique Kris, il faut abolir ce stéréotype que la Paix est une fleur. C’est un cliché fade et ce n’est pas l’image que nous poursuivons. Nous nous battons pour une conscience politique et la paix mondiale. Pour cela, nous devons être plus forts que la guerre. La paix doit être plus forte que la guerre. Autrement dit, si la guerre a un calibre 22, la paix doit avoir un Magnum, si la guerre a un Magnum, la paix doit avoir un Uzi. La paix doit constamment dépasser la guerre pour gagner en son nom propre. C’est impossible de dire que vous êtes tous pour la paix et puis porter une fleur au milieu de gens munis d’armes nucléaires. Tu ne vas nulle part » (83). Logique.

KRS One tient parfois un discours simpliste, répétitif pour certains (acharné pour moi), proche de la méthode Coué sur les bords (By All Means Necessary ne s’ouvre-t’il pas sur le message en boucle « I think very deeply »/« Je pense très profondément », cinq fois), contradictoire (mais comment ne pas l’être ?) mais s’il est à ce point RESPECTE par 90% des rappers, ce n’est pas pour rien. Si le Rap est un véritable mouvement et musical et social, KRS One en est l’un des artisans les plus obstinés et les plus talentueux.
En réalité, le seul hic selon moi, c’est sa prétention, comme l’illustre cet extrait d’interview : «  »Ya-t’il d’autres rappers qui sont à ton niveau, d’après toi ?«  »Non, aucun. Attends, je vais dire ça autrement... (Il réfléchit) Dans le ciel, il y un million d’étoiles, mais quand le soleil apparaît, on ne les voit plus. Je suis le soleil (...) Mon rôle dans le Rap, c’est celui d’un professeur. J’enseigne le style. Je ne fais que ça. Quand nous avons lâché Award From Our Sponsor, c’était un style nouveau. Poetry, idem. Et tous ces rappers l’ont repiqué maintenant (...) Pareil avec notre Reggae Hip Hop. Nous n’avons pas le sens de la mode, ni celui des chaînes en or, ni de ci, ni de ça. Je suis marié, je ne cours pas après les femmes. Nous enseignons les styles et nous le faisons à d’autres artistes«  (82). Il se nomme teacher, philosopher, metaphysician. On l’appelle le Rap Dictionary, le Rap Missionary. J’avoue que ça fait drôle, surtout que ce n’est pas de l’humour. Cela dit, philosopher ou king, quelle est la différence ? Question d’habitude, sans doute. Finalement, KRS est sûr de lui, c’est un être cohérent et entier. Et réellement actif (cf. plus bas Stop The Violence et H.E.A.L). S’autoproclamer »Professeur" est judicieux.

By All Means Necessary marque un changement sur le plan musical. KRS One s’écarte de la « Old School » pour amorcer de plus en plus un virage vers la Jamaïque et l’Afrique. Les craintes que l’on pouvait avoir après la mort de Scott La Rock (allait-il pouvoir s’en sortir sans son maître et ami ?) se volatilisent dès la première écoute. Le disque est fort. Puissant. On sent les prises directes, rapides, sans fioritures, sacrément efficaces. Et puis, il y a ces textes : Nervous, My Philosophy (dont la vidéo sera filmée par Fab 5 Freddy), Necessary, l’extraordinaire Illegal Business (« Les affaires illégales contrôlent l’Amérique ») censuré à peu près partout ou Stop The Violence : « quand vous sortez, c’est pour le plaisir/Pas pour voir du sang couler/C’est ce que veulent voir ces gens/Encore une autre bagarre de Noirs/Vous savez qu’on vous regarde/Certains veulent détruire la scène Hip Hop/Mais je ne vous laisserai pas tomber/Ni Scott La Rock/Voilà le message qu’on vous fait passer aujourd’hui/Le Hip Hop va s’affaiblir si nous ne nous levons pas pour dire/Stop The Violence » .

  • Stop The Violence & Ghetto Music

Peu après la sortie de By All Means Necessary, KRS a monté le mouvement Stop The Violence, une date dans l’histoire du Rap (cf. « Rap & Actions Humanitaires ») mais arrive à trouver le temps d’enregistrer son troisième Lp : The Blueprint Of Hip Hop-Ghetto Music. Une fois de plus, la pochette n’est pas innocente. On y voit KRS assis sur une marche d’escalier extérieur en pleine « discussion » avec un flic noir. Moins forte que la précédente, elle gagne en clarté : « un Noir ne devrait pas être flic » (82). A en croire KRS One, il avait un autre projet, plus percutant : un membre du Ku Klux Klan tenant la main d’une petite fille noire. les deux apparaissant comme les seuls survivants à l’Apocalypse : « c’est mon interprétation de la paix mondiale : l’incarnation de l’innocence et celle du mal se tiennent la main pour se rendre compte que finalement, aucun d’eux n’y attache vraiment d’importance. RCA a dit »non, non, non« en arguant que c’était trop profond, que beaucoup de gens ne comprendraient pas, bla, bla, bla. J’aurais pu forcer un peu et la faire sortir quand même, mais l’art des relations dans le business ne fonctionne pas comme ça. Je ne dirais pas qu’ils sont derrière moi à 100% mais je dirais que j’ai la liberté de faire ce que je veux et ils ont vraiment peur. Ce n’est pas comme s’ils voulaient stopper un certain savoir. Ils ont seulement peur. Ils veulent faire de l’argent et ils ont peur que je devienne trop militant à leurs yeux. Je ne me considère même pas comme militant, mais ils croient que je vais devenir trop militant et perdre un public qui peut leur rapporter potentiellement des millions. Et moi, je leur dis que le public des millions, c’est le public militant. Tu sors Jazzy Jeff & Fresh Prince et Whodini [artistes RCA, NDA], ils n’ont pas d’autres choix que d’acheter ça. Mais si tu sors quelque chose de plus profond, ça se vendra aussi » (86).

Quant au titre de l’album, il annonce la couleur. Le retour aux sources est désormais totalement amorcé.« Ce disque ne va pas plus dans une direction commerciale qu’anticommerciale. C’est censé être du Hip Hop d’origine, et j’y fais environ treize styles de Rap différents, au lieu du Rap conventionnel qu’on entend tous les jours. Il s’agit plus ou moins de donner à l’artiste et au public une approche plus large de ce qu’est le Rap » (84).
Des samples, des boîtes à rythme, quelques scratches mais aussi une batterie, une basse, des claviers et des cuivres VIVANTS ! Ajouter à cela les voix, celle de KRS One et son accent étonnant, de sa femme MS Melodie, de Pamela Scott, de D-Nice (également Human Beat Box sur Breath Control, qui aura une suite sur le quatrième Lp). « Je vois chacun de mes disques comme des chapitres. Celui-ci est le troisième, après le premier qui nous présentait comme des hip-hoppers Hardcore, le second qui exposait notre sujet et celui-ci qui prolonge des idées des deux premiers. Maintenant que vous savez de quoi on parle, on peut discuter de la situation intelligemment, voici ce que nous faisons. C’est de l’intelligence active, en action ! » (90). L’album traite à plusieurs reprises de religion. Sur Why Is That ?, KRS One donne sa version de la Bible : « c’est un fait connu que la Bible a été écrite en Afrique. Mais évidemment, je ne m’attends pas à ce que les spécialistes de l’Ancien Testament me soutiennent car je mets en évidence leurs mensonges, c’est pourquoi je demande Why is That ? » (88). Il s’inspire des travaux d’un de ces professeurs, le Dr Yoseph Ben Jochanon (professeur noir de Cornell University), égyptologue & historien noir très influent. L’une des idées que développe cette chanson, à savoir que Noë, Abraham et Moïse seraient noirs, n’a en soi rien de neuf. Mais, comme par hasard, le seul personnage biblique identifié comme le seul noir est en général Caïn, fils aîné d’Adam & Eve, jaloux de son frère Abel que Dieu lui avait préféré. Caïn fut alors maudit, selon la Genèse, par Dieu et condamné à une vie d’errance. Vous conclurez par vous même...
Mais, rassurez-vous, la musique de KRS One reste entraînante - même quand il traite de ce genre de choses - et ne tombe absolument pas dans le mystico-funèbre-ratatouille. Autres exemples, You Must Learn (où KRS raconte les origines de l’eurocentrisme et qui apparait comme son programme d’éducation), World Peace, Who Protect Us From You ou Ghetto Music. Un autre moment musclé du disque est Jack Of Spades qui avait été enregistré pour le blaxploitation film de Keenan Ivory Wayan : I’m Gonna Git You Sucka (1989). Un film acide contre les stéréotypes des gadgets des gangs noirs. Le maxi ne s’étant vendu qu’à 90 000 exemplaires (ce qui est fort peu pour le marché Rap U.S. actuel), KRS One avait décidé de le réenregistrer et de le faire découvrir à plus de gens afin que le rapprochement soit fait avec le film.

  • New York Times

Les lecteurs du New York Times (l’équivalent outre-Atlantique du Monde) sont surpris le 9 septembre 1989. KRS One y signe l’éditorial à propos du drame des minorités, basé sur l’échec scolaire. En voici de courts passages : « ce qui manque à la jeunesse noire - l’estime de soi, les occasions créatives, la perspective - vient des faiblesses du système scolaire » (...) « Hors de la classe, ils sont à la merci des coupures de budget des programmes pour la jeunesse, dont on a pourtant bien besoin. Le camion de Read Is Fundamental (Lire Est Fondamental) ne vient plus dans les quartiers pauvres ; il a été remplacé par le camion du glacier, suivi de près par le panier à salade ». Et il conclut : « sachez cela : si vous arrachez son identité à un gamin, il ne lui reste plus rien. Ce vide se remplit de son environnement. Si cet environnement est froid, négatif et violent ; il devient froid, négatif et violent » (11). Suite à cet édito, KRS fait la tournée des universités U.S. en février 90 : Havard, Yale, Columbia et à l’University Of Florida, rien de moins ! C’est sans précédent qu’un Noir, ex-homeless de surcroît, aille raconter dans le college lecture circuit l’histoire noire et préciser son point de vue sur la politique d’éducation gouvernementale. Chuck D a annoncé qu’il en fera de même à l’hiver 90/91 et au printemps 91. Et l’essai semble concluant puisque KRS a révélé qu’il y avait rencontré des gens soutenant « la pensée radicale et révolutionnaire », ce qui lui fait dire : « on ne peut pas reconnaître son ennemi à sa couleur, il faut le dépister à ses actes et à ce qu’il a dans la tête » (90).

  • Human Education Against Lies (H.E.A.L)

Mais KRS One ne s’arrête pas là dans l’activisme extra-musical (bien que ce soit une erreur de dissocier sa musique de ses démarches, elles forment un tout). Il a participé au magazine vidéo (disponible en K7) : Slammin’ Rap où il cause de racisme, de fraternité et d’histoire en compagnie de Chuck D et de Lakim Shabazz, le tout entrecoupé de vidéos exclusives d’Ice-T, Queen Latifah, 3rd Bass, etc. Il aurait également enregistré avec Michelle Shocked une série d’annonces du service public. Mais on ne le verra jamais au gouvernement, jure-t-il !
Et la croisade continue puisqu’il a lancé au début de l’année 90 : H.E.A.L. Avec Michael Stipe (R.E.M), KRS enregistre un maxi écologique intitulé State Of The World dont H.E.A.L touchera un pourcentage (cf. « Rap & Actions Humanitaires »). A propos de Michael Stipe, KRS dévoile qu’il connait beaucoup de groupes Rock : « je pense que les plus grands fans de Rap sont ceux qui font du Rock, même s’ils peuvent paraître différents de tous les Guns & Roses du monde qui essayent de démolir le Rap ou les Noirs en général, mais ces derniers sont une minorité dans le Rock (...) Nous nous sommes associés, lui et moi, parce que depuis un an, on s’appelle régulièrement pour échanger des idées variées. Et puis un jour, on s’est demandé quelle était la meilleure façon d’éduquer les gens sur les problèmes d’environnement, à la fois pour son public et pour le mien. Il vend deux millions d’albums et moi, 700 000 ; il pourrait peut-être toucher mon public underground qui n’a pas l’occasion de l’écouter et je pourrais toucher son public qui habituellement ne m’écoute pas. Nous l’avons fait » (91). En attendant l’album Civilization Versus Technology (Stipe/KRS), KRS a enregistré une vidéo/débat produite par C-00 (compagnie de films undergrounds qui appartient à Stipe et à son vieil ami Jim Mc Kay) sur différents thèmes (racisme, phobie du sida, etc.).

Début 90, KRS One s’est fait coffrer à Washington lors d’une manifestation en faveur des sans abri. Ce qui ne l’a pas empêché de participer à une foule de disques, soit au micro, soit aux manettes et souvent aux deux. Parmi ceux-ci, on trouve le titre de la délicieuse Queen Latifah (Evil That Men Do), l’excellente production du Lp Silent Assassin du légendaire duo de Reggae Sly & Robbie (méconnaissable : le son est léché, plein, juteux, loin du minimalisme auquel KRS One nous a habitué y compris dans Party Together - qu’il rappe - dérivé de Happy Together des Turtles !) ou celle du Lp de Just Ice (Desolate One). On l’a vu aux côtés des fantastiques Jungle Brothers. Le lien entre tous ces gens ? L’Afrocentrisme, la fraîcheur et la créativité de leur Rap et le fierBlack Is Beautiful.

  • Edutainment

Avec ce quatrième Lp (été 90), Kris accentue une fois de plus son minimalisme musical. Blackman In Effect ne ressemble à rien. KRS y est inventif et agressif. Ya Know Rules consiste à citer tous les membres du BDP Crew et à crier entre chaque nom : « You Don’t Stop », puis le Professeur raconte sa vie. Et ça reprend : « One, two And You Don’t Stop/ Three, Four And You Don’t Stop/ Five, Six And You Don’t Stop ». Classique mais puissant. Beef (pro-végétarien). House Nigga’s commence comme un cauchemar, un déluge de sonorités torturées, enchaîné à un texte vindicatif à l’encontre des rappers récupérés et sans message : « [En recevant un récompense officielle - un Grammy -, Young MC] est devenu un House Nigga et il faut espérer qu’il le sait. C’était la première fois que le Rap était reconnu comme catégorie et ce type, il y est allé en costume et avec un grand sourire pour se le faire remettre. Il a manqué une occasion superbe de prendre position parce que si ç’avait été moi, j’y serais allé et j’aurais jeté cette merde par terre et l’aurais piétinée. Ensuite, j’aurais dit que tant que le Rap, le Reggae, la musique espagnole ou quoi que ce soit, tant qu’elles ne seront pas reconnues, je ne pourrais pas l’accepter. Et ensuite, je leur aurais dit que de toute façon, ce n’est pas de la musique américaine parce que ça vient d’Afrique » (90). Material Love (le titre parle de lui-même et cartonne aux U.S.A. dès sa sortie en maxi) et 100 Guns (un Raggamuffin’ ponctué merveilleusement de claviers et de basse) achèvent la face A. C’est le Soul-ant Ya Strugglin’ (cuivres à l’appui) qui ouvre la B. Puis, s’enchaînent Breath Control II (du Reggae comme je n’en ai jamais entendu), Edutainment (jeu de mot sur « EDUcation » et « enterTAINMENT », musicalement on jurerait que ça sort d’une B.O. d’un film des 50’s dont l’action se déroulerait dans un cabaret cradingue...), The Homeless (poignant témoignage sur les sans-abri, derrière : il n’y a quasiment rien ! La pureté à l’état pur), The Kenny Parker Show (KRS l’appelle « my brother Kenny » mais, bon, ça ne garantit dire. Ambiance live : « Yo ! Yo ! Yo ! Yo ! Yo ! », scratches et soulèvements de la foule), Original Lyrics (irrévérencieux à souhait : « George Bush ? You Don’t Mind ! Dou-dou-dou-dou-dou ») et enfin The Racist (« back to Soul Music time ») qui clôt l’album. Six interventions orales de KRS One (extraites de ses speeches universitaires ?) s’intercalent entre les différents titres. L’approche révolutionnaire, pour employer ses termes, se fait de plus en plus sentir.

Cette fois-ci, c’est le verso de la pochette qui tape dans le mille. KRS One y remercie George Bush « pour foutre en l’air la Nation et continuer la conspiration contre l’Africain ». Vous y imaginez ça, en France, vous ? D’autres en prennent pour leur grade : comme les « so-called black radios », les « faux prophètes du Rap qui ne sont que des Gangsters Pop Stars qui se comportent exactement comme le Gouvernement veut que les Noirs agissent » et enfin Newsweek qui, selon lui, promotionne les stéréotypes du Rap. Question : Kris, as-tu un garde du corps ? Le Rap n’a pas envie de te perdre. Hold on ! (un live est en préparation pour début 91).

  • JUST ICE

Malgré l’incroyable légende qui l’entoure, Just Ice a participé au 45t Self-Destruction du mouvement Stop The Violence : il aurait, selon les déclarations de KRS One dans Music Paper (avril 89), tué quelqu’un... Une autre source précise qu’il s’agirait d’un meurtre commis à Washington et que le 38 qu’il porte, ce n’est pas uniquement pour le show (il aurait récemment reçu une balle à la cuisse...). Just Ice et KRS One se connaissent depuis fort longtemps puisqu’ils se sont rencontrés vers 84 au refuge Franklin Armory Men’s Shelter. Les deux se sont même produits ensemble au Broadway International Club. Et si KRS One a bien voulu tenir les manettes cinq ans plus tard, c’est pour, dit-il, canaliser la violence de Just-Ice, aujourd’hui devenu le chantre d’un message très pacifiste. Professor X a lui aussi œuvré pour cette « reconversion » : avant de monter X-Clan, Prof X manage Just-Ice et organise des concerts au Latin Quarter. Avec quatre Lp’s à son actif : Back To The Old School, Koll & Deadly, The Desolate One (1989, produit par KRS One qui signe la musique d’où les influences Afro-Jamaïcaines) et Masterpiece (1990, produit par Grandmaster Flash, également compositeur et claviers), Just Ice poursuit sa carrière tranquillement et sans faute de goût.

  • JUICE CREW

Le Juice Crew, en bisbille avec BDP (cf. plus haut), est basé dans le Queens. Il a son label quasi attitré, Cold Chillin’ (affilié à WEA), son producteur fétiche : Marley Marl (cf. l’index : citer tous les disques auxquels il a participé relèverait de la gageure), ses stars : Roxanne Shante, Bizmarkie, Big Daddy Kane, MC Shan, Kool G. Rap & DJ Polo, MC Tragedy (plus célèbre sous le nom d’Intelligent Hoodlum, le Voyou Intelligent aux lunettes cerclées, avec un Lp du même nom en 90 chez A&M : description froide et lucide des ghettos sous fond de musique chatoyante), etc. Tous ensemble ont enregistré un Lp, The King Pen , produit par Marley Marl.

Big Daddy Kane (Antonio Hardy), membre de la Five Percenters Nation, malgré l’image qu’il donne de lui (exemple, la pochette de son deuxième Lp : trois filles, une voiture de luxe, du champagne, de l’or, une grosse maison. Seuls manquent les billets...), a une certaine vision de la communauté noire et la glorifie dès qu’il le peut :« le vrai point de départ c’est la couleur de notre peau/Nous ne sommes ni blancs, ni jaunes, ni rouges ou roses/Mais la plus grande des couleurs, c’est le noir » (extrait de Word To The Motherland). Enervé par un tract pro-blanc lors du dernier New Musical Seminar (le Midem U.S.), il aurait (au conditionnel) demandé à son public de ne pas se mélanger avec les Blancs. On le découvre en 1988 grâce à la bande-son du film de Colors (une BO qui mettait le Juice Crew en valeur : sur les dix artistes présents, quatre en font partie : MC Shan, Kool G. Rap, Roxanne Shante et Big Daddy Kane donc) dans laquelle il interprète Raw. Il semble que ce soit sa première apparition vinylique puisque son premier Lp, Long Live The Kane, sort peu après, toujours en 88. Son nom sera associé une fois encore avec le cinéma pour le film Lone On Me (Rap summary). Dernièrement, il a soutenu Quincy Jones pour son album Back On The Block. It’s A Big Daddy Thing (1989), son second album - peu connu en France (malgré l’impressionnante brochette de producteurs : Marley Marl, Prince Paul, Teddy Riley) - propose mille facettes du rapping (souvent rapide) de BDK : du slow (To be Your Man) au Funk 70’s (Big Daddy’s Theme) en passant par le Hip-House (The House That Cee Built) ou le Blues samplé (Young, Gifted & Black) avec des emprunts faits à I’ll Play The Blues For You d’Albert King (bluesman de St Louis des 60’s). Big Daddy sait tout faire. Et il excelle dans Children R The Future (tempo lent, paroles positives) ou Smooth Operator. En forme de clin d’oeil à la Old School, BDK, ses deux danseurs (Scrap & Scoob Lover) et son DJ Mister Cee ont signalé leur signe zodiacal. Un nouvel Lp très « rap de charme » (crooner), Taste Of Chocolate, a fait son apparition dans les charts américains en octobre 1990. Barry White, la rappeuse Gamilh Shabazz et Cool V (DJ de Bizmarkie) sont parmi les invités.

Bizmarkie est un peu le rigolo de la bande mais surtout l’une des Human Beat Box les plus incroyables tellement sa bouche peut imiter de sons différents (notamment avec Big Daddy Kane sur scène). Inhuman Orchestra est son surnom. C’est aussi en vidéo une des figures les plus folles, déconnantes et marquantes du Mouvement.

MC Shan, look LL Cool J (kangol, chaînes en or et jeunesse) a connu le jack-pot avec sa reprise de Born To Be Wild de Steppenwolf (samplé pour l’occasion) sur son album du même nom (1988). Back to Basics, extrait du même 33t, est un bel hommage à la Old School que le Juice Crew affectionne décidément beaucoup (Marley Marl n’y sans doute pas pour rien).

Roxanne Shante, découverte vers 85/86 par Lawrence Goodman (cf. Steady B), continue aujourd’hui sa carrière avec bonheur, se battant pour la paternité du nom Roxanne avec... Real Roxanne (!). Sa voix quasi juvénile, mi-délicate, mi-violente (et totalement excitante) en a fait succomber plus d’un.

Kool G. Rap & DJ Polo n’ont pas, jusqu’ici, obtenu les lauriers qu’ils méritent, du moins en France. Leurs paroles n’ont rien d’innocent et leur musique est superbement construite, pleine de recherche et d’urgence. Partis comme un groupe Hardcore Rap (singles It’s A Demo en 87, Butcher Shop en 88 et certains titres du premier Lp Road To Riches), Kool G. Rap & DJ Polo se sont quelque peu assagis (ce doit être ça le progrès sonore : moins on a d’expérience, plus on a tendance à être brutal. Plus on a d’expérience et de moyens, plus on s’affine) avec leur nouvel Lp, Wanted Dead Or Alive , bien que Kool Is Back soit le Rap le plus rapide de l’été 90 ou que Bad To The Bone soit d’une belle ardeur. Streets Of New York (on s’y croirait), Erase Racism (en compagnie de Bizmarkie - qui produit un titre - et de Big Daddy Kane, Kool G. Rap disserte, avec émotion et conviction, sur le racisme), Jive Talk (une leçon d’argot) ou The Polo Club (DJ Polo in full effect) méritent vraiment le détour.

On pourrait renforcer ce rapide tour d’horizon par les Ultramagnetic MC’s, qui sans être partie intégrante du Juice Crew n’en demeurent pas moins très proches. Leur Travelling At The Speed Of Thought (single de 87 décalqué sur le fameux Louie Louie de Richard Berry) et leur album Critical Beatdown (Next Plateau Rds, lancé par Eddie O’Loughlin comme une maison de production en 79 et qui se transforme en label en 85) sont rapides, sans message mais irrésistibles (titres forts : Ease Back, Kool Keith Housing Things, Ego Trippin’, Ain’t It Good To You, Critical beatdown).

  • KOOL MOE DEE

Mohandas Dewese, alias Kool Moe Dee fut un des trois fondateurs des Treacherous 3 avec Spoonie Gee au tout début des 80’s. Il lui faudra deux-trois années avant de se remettre de la séparation du groupe. Mais à force de persévérance, il signe avec Rooftop/Jive et enregistre son premier Lp en 87 : Kool Moe Dee (sur celui-ci : Go See The Doctor met en garde sur les MST ; Little Jon explique qu’un looser n’est pas un héros ; ou Monster Crack au titre évocateur...). Tout de suite, Kool Moe Dee s’impose comme un des meilleurs rappers de la scène. Depuis, il prend un malin plaisir à enregistrer disque sur disque avec une régularité et des qualités déconcertantes. Très aidé par sa belle vidéo No respect (une adaptation du Respect d’Aretha Franklin, sur la vie des arnaqueurs de tout sorte qui n’obtiennent pas de vrai respect), son second Lp How Ya Like Me Now est l’un des plus gros succès de sa maison de disques pour 1988. Mêlant ego-tripping et conscience, Kool Moe Dee est certainement le Rapper le plus Swing de N.Y. Ses disques sont truffés de références à la Soul Music et Quincy Jones ne s’y est pas trompé quand il l’a invité à rapper sur son Lp Back On The Block.
Sur scène, il n’hésite pas à interpeller son public comme le rapporte Dave Gates :«  »combien de jolies femmes sont dans la salle ce soir ?« demande-t’il. Grosse ovation. »Combien parmi vous, les jolies femmes, ont un travail ?« Ovation encore plus grande. »Combien parmi vous, les jolies femmes qui ont un travail, fréquentent les dealers de drogue ?« Ovation réduite.  »Espèce de salopes stupides«  » (93).

C’est en 89 que son troisième Lp est paru, Knowledge Is King (« La Connaissance est reine », c’est aussi le nom d’une des chansons du Lp à la fois anti-drogue et pro-éducation). Le plus riche des trois autant dans la musique (claviers, pédale wah-wah, cuivres et même sonorités hispanisantes sur The Don), que dans les textes : The Avenue (ghetto crime), All Night Long (sur ses prouesses sexuelles), They Want Money (il n’étale pas son fric devant/pour les filles), Pump Your Fist (« Vois-tu la tension dans l’air ?/Le racisme/La violence partout ») ou I Go To Work et Hitting Hard (ego-trippin’ où il se prend pour un boxeur). Incontestablement, un des meilleurs. Et depuis longtemps (quatrième opus pour 1991).

  • ERIC B & RAKIM

Eric Barrier, DJ de son état (Eric B, « B » signifie aussi « Bad »), est né à Elmshurst, dans le Queens. Adolescent, il apprend la trompette et la guitare. En 1985, il est DJ pour WBLS (New York) où officie Marley Marl qui lui refile quelques trucs et ré-arrangera quelques-uns des premiers titres d’Eric B & Rakim : Mr Magic’s Rap Attack, Eric B Is The President et My Melody.
Rakim, le MC, est venu au monde à Brooklyn sous le nom de William Griffin. Il passe son enfance à Wyandach, Long Island. Encouragé par son oncle, Ruth Brown (obscur Rocker dans les 50’s), le futur Rakim se met à chanter.

  • Paid In Full

Fin 85, c’est la rencontre entre les deux hommes dans Brooklyn et ils enregistrent au printemps 86 le révolutionnaire : Eric B Is The President/My Melody. Le succès est tel qu’Eric B & Rakim se voient offrir quelques juteux contrats de management (ils choisissent, pas fous, Rush), de production (MCA est l’heureux élu), de tournées (Def Jam Tour 87), etc.
Le son du disque est totalement neuf : la boîte à rythmes ne sonne pas comme de coutume, les scratches étonnent par leur rudesse, la voix de Rakim, j’m’enfoutiste, impressionne par son détachement. L’utilisation à outrance de vieux disques Soul/Funk les conduira souvent devant les tribunaux (les avocats de James Brown sont des adeptes de ce genre de broutilles). Mais c’est surtout le maxi Paid In Full (87) qui leur offre grandes ouvertes les portes du succès et des coffres-forts. Paid In Full va inspirer plus de trente mixes différents, dont le plus célèbre est celui de Coldcut (deux DJ’s anglais, Matt Black, ex-programmeur informatique et biochimiste et Jonathan More, ex-prof d’art). Hormis Eric B & Rakim, ils ont travaillé (ou remixé) Yazz, James Brown, Lisa Stanfield, Queen Latifah, etc. En 88, ils reçoivent le prix du « meilleur mix » pour Paid In Full qui illustre le film Colors (encore un !).
Entre temps, Eric B & Rakim sortent leur premier Lp : Paid In Full (1987). La pochette est des plus explicites : Eric B & Rakim, bagues en or presque à chaque doigt, des billets à la main. En fond, des billets encore et encore. Au dos, en observant bien, on voit un chèque signé Ronald Reagan ! L’illustration parfaite de Paid In Full en somme. L’album reprend le single de 86 Eric B is The President/My Melody plus le méga-hit Paid In Full. Bref, trois classiques sur un même Lp. Ce qui étonne, c’est que trois ans après sa sortie, l’album garde toute sa tonicité (alors qu’un disque de Rap chasse l’autre, et que les coups de vieux peuvent survenir en deux mois). Un autre grand titre, Chinese Arithmetic : juste un beat lourd, du sample (un peu) et du scratch (beaucoup). Quatre folles minutes de cutting asiatique.

  • Follow The Leader

En s’attaquant à leur second Lp, arriveront-ils à faire mieux ou même aussi bien ? La réponse est affirmative ! Et ça s’intitule Follow The Leader (1988). Toujours l’image dorée et friquée (ils sont assis sur le capot d’une Rolls, geste ô combien désinvolte !). On remarque une photo de Scott La Rock. Ils produisent eux-mêmes l’album. Stevie Griffin (il a sans doute un lien de parenté avec Rakim) est le musicien attitré. Là aussi, un classique : Follow The Leader. Ambiance tendue, avancée dans la nuit. Suivre le leader. Lyrics On Fury (le bien nommé), Eric B Never Scared (énorme travail sur le son et les samplings). Just A Beat, Put Your Hands Together, To The Listeners, Beats For The Listeners sont un peu à leur image : pas de message, mais de la musique. Un maximum. Eric B & Rakim ont leur place au Panthéon des Grands Créateurs du Rap. Et ils ont de l’humour : Musical Massacre.

Le duo se donne ensuite un peu de temps. Leur troisième Lp - peu de rappers parviennent à ce stade - tarde à sortir. C’est en 1990 que Let The Rhythmes Hit’ Em fait son apparition. Les chaînes en or de la pochette leur donnent toujours cette image de « l’argent-à-tout-prix », symbole carrément démodé. Ce qui explique - sans doute - leur petite perte de popularité auprès des B-Boys purs et durs (ils restent quand même de gros vendeurs). Mais il faut avouer que le titre Let The Rhythmes Hit’ Em n’arrive pas à la hauteur de Eric B Is The President, Paid In Full ou Follow The Leader. Quant au reste du Lp, tout y est superbement enregistré, mis en valeur. Mais l’éclat des précédents disques fait quelque peu défaut ici. Mis à part In The Ghetto (« nobody’s perfect », répond une voix en écho), Mahogany (jolie chanson), Keep ’Em Eager To Listen, Untouchables (et ses samples Jazzy). Eric B & Rakim n’en demeurent pas moins de Très Grands Messieurs hautement recommandables : leurs deux premiers disques ont obligé les autres rappers à se concentrer sur le son. Avec eux, il ne s’agissait plus de piocher à droite et à gauche des bribes de chansons : il fallait les replacer, les remanier, en faire quelque chose d’aussi original que cohérent.

  • EPMD

Rien que leur blaze vaut le détour : Eric & Parrish Make Dollars ! Voilà qui est clair ! Eric Sermon (E Double E) et Parrish Smith (Pee MD) font la connaissance de Sleeping Bag Rds en 87 avec une maquette financée par la bourse universitaire de Parrish (quel mauvais exemple pour notre belle jeunesse !). La noirceur de leur musique, leur côté assez soft (voix posées, samples fins et terriblement mélodieux) séduisent les directeurs artistiques de Fresh Rds (sous-label de Sleeping Bag monté au début des 80’s comme un label de Dance avec très vite une solide réputation). Mais il leur faut attendre 1989 pour sortir leur premier Lp : Strictly Business. Sur la chanson qui donne son nom à l’album, on entend la guitare d’Eric Clapton (I Shot The Sheriff) et la voix de Prince Buster (I’m The Magnificient). Titres forts : You Gots To Chill (un baryton formidable en boucle), Get Off The Bandwagon (« Tire-toi du train en marche »), DJ K La Boss (jolie démonstration de DJing), Strictly Business (pour la voix et la « clarté » dans les paroles). Les ventes sont énormes aux U.S.A., le disque est n°1 au Black Billboard durant quelques semaines.

EPMD s’empressent d’enchaîner avec leur second Lp : Unfinished Business (1990). La pochette semble anachronique : Kangol, bijouterie dorée, voitures luxueuses. Cette fois, quelques producteurs sont venus leur prêter main forte, pourtant la richesse créative du premier Lp semble atténuée malgré Jane II (qui fait suite à Jane sur Strictly Business), Please Listen To My Demo (« SVP, écoutez ma démo » : les déboires d’un groupe qui démarre. Autobiographique ?), Knick Knack Patty Wack (sans doute LE titre de l’album pourtant assez dépouillé : piano, voix, boîte à rythme simplissime), You Had Too Much To Drink (guitariste : Charlie Marotta).
Malheureusement, les mauvaises nouvelles vont bon train. On entend dire qu’EPMD ne « communiquent » plus avec leur label (pour rester poli) et que la séparation est imminente. En fait, il n’en est rien : K-Solo, un membre de leur posse, s’est jeté à corps perdu dans une K-arrière Solo (Tell The World My Name sur Luke Rds) et EPMD, sous Rush Management, viennent de sceller un accord de production avec Def Jam avec à la clé le 45t Gold Digger sorti fin octobre 90 aux U.S.A. (l’album à venir s’intitulerait Business As Usual !). Il y a fort à parier que leur sens de la mélodie fera encore des ravages...

  • KID & PLAY

Avec eux, on entre de plain-pied dans le Rap Teenager, dénué de message, dont l’unique but est de faire danser (ce qui est déjà énorme) et... de cartonner au niveau des ventes. Tous deux sont issus de la middle-class ; Kid est né d’une mère blanche (professeur) et d’un père noir (qui travaillait dans un centre de sans-abri) mais ses parents vivaient séparés... Lui-même a aidé son père dans son œuvre pour les défavorisés et a étudié la littérature anglaise (diplôme universitaire). Play (diminutif de Playboy !) est né dans une famille du Queens, fils d’une secrétaire religieuse et d’un père assistant ministériel. Il est diplômé en art et mode. Néanmoins, fait étrange, Play a déclaré que son père avait connu la taule, que lui même avait touché à la drogue et commis quelques cambriolages.

  • Rap Bubble-Gum

Quand ils se croisent pour la première fois, ils décident de rapper ensemble sous le nom de Fresh Force et sortent If I Ruled The World, réponse à un titre de Kurtis Blow, puis Rock Me Amadeus, une autre réponse à Falco. C’est en rencontrant Hurby Azor, leur futur producteur, qu’ils se baptisent Kid & Play. Azor est considéré, à juste titre, comme le troisième membre du groupe. Il en est le concepteur principal. Leur premier Lp Two Hype (1988, Select Rds), dépasse le million de ventes aux U.S.A. Two Hype est, sans conteste, entraînant. Du véritable Rap-Bubble Gum. Ça a tout de suite du goût, chlorophylle ou fraise. Et plus vous mâchez (plus vous écoutez), moins ça en a. Mais vous continuez à mâcher. Comme pour retrouver le goût. A noter un duo avec Real Roxanne sur Undercover.

Le second Lp, Funhouse, met deux ans à voir le jour. Finies la Volvo et la Mercedes sur le recto de la pochette précédente : ici, Kid & Play sont en tenue de soirée. Le look étudiant propret qui rassure les parents. Au dos, T-shirts « Malcolm X Fan Club » et jeans déchirés. On a beau me dire qu’ils auraient pu mettre un T-shirt de Mickey et que cela leur aurait fait le même effet, pour moi il y a une sacrée différence. Le single Funhouse décroche la première place du Billboard (mai 90). Pour eux, le second Lp est plus dur. Comparé à Two Hype, c’est vrai, mais il y a encore un pas de géant à franchir pour sonner Hardcore. Ils ont beau se défendre d’être les gentils de l’histoire, Kid & Play sont totalement inoffensifs (il y a quelques bons passages : Funhouse dans la lignée de Two Hype ; Back To Basics très Kool Moe Dee-ien, etc.). Après un film (House Party, cinq millions de spectateurs) et un dessin animé trés moral les mettant en valeur (réalisé par Marvel pour NBC) et deux lignes téléphoniques, Play a diversifié ses activités avec Playtime (une société d’arts graphiques qui s’occupe de la conception des pochettes de Kid & Play et d’autres rappers) et avec IV Plai (une boutique de fringues ouverte dans le Queens) :« je crois que j’aimerais mieux gagner un oscar pour les meilleurs costumes que pour la meilleure musique de film. Alors, je me suis promis qu’un jour, lorsque j’aurais de l’argent, je serais le propriétaire de ma propre destinée. Quant à devenir acteurs, cela ne nous dérange pas. Mais être des clowns, certainement pas » (94).

  • SALT ’N’ PEPA

Elles font partie du même Posse que Kid & Play (elles prêtent d’ailleurs leurs voix sur Funhouse). Contrairement à ce que l’on pourrait croire, elles sont trois si l’on compte DJ Spinderella. Découvertes par Lawrence Goodman, elles participent de belle et violente manière au soundtrack de Colors (décidément !) avant d’enfiler tube sur tube. Leur Lp, A Salt With A Deadly Pepa, est disque de platine aux U.S.A. et Salt ’n’ Pepa ont inspiré quelques parodies : leur Push It fut transformé par L’Trimm en Grab It et Sugar, Spice & Everything Nice (trio de toutes jeunes filles - moins de 10 ans sans doute - repéré sur la compilation We’re All In The Same Gang avec We Came To Dance) constituent le réponse californienne à Salt & Pepa.

  • CHUBB ROCK & HOWIE TEE

Apparu tout récemment à la face du monde, le duo a débarqué dans le monde du Hip Hop il y a quelques années déjà. Hitman Howie Tee (né en Angleterre, élevé en Jamaïque puis à Brooklyn) n’est autre qu’un des fondateurs de Full Force et a bossé avec Real Roxanne, Lisa Lisa, UTFO et tout dernièrement avec le précoce Special Ed (17 ans et déjà un Lp : Youngest In Charge sur Profile en 1990. 500000 ventes aux U.S.A.). Il a énormément encouragé son Jamaïcain de cousin, Richard Simpson (Chubb Rock). Délaissant ses études (il quitte l’université à l’âge de 16 ans), Chubb Rock (deux mètres, 120 kilos) se fait un nom en produisant I Want You Back d’Ultimate III (Sutra Rds, 87) avant de se décider à choper un micro. Il ouvre pour Big Daddy Kane et Kool Moe Dee et enregistre avec Domino Rock & Roll Dude (Select Rds, 87) déjà produit par Howie Tee. And The Winner Is... est son premier Lp. La pochette est un régal : elle les montre en smoking en train de recevoir un prix symbolisé par un vieux phonographe (And The Winner Is). Au dos, on les voit dans une pièce - que l’on devine humide (genre cave ou prison) - en train de fabriquer des phonographes ! En passant, Chubb tonne, par note de pochette interposée, « au crack et à tous les vendeurs de crack, du fin fond de mon coeur : Fuck You ! ».

Quant à la musique elle-même, elle transpire d’influences Soul (des cuivres un peu partout), alterne les titres fougueux et les tempos lents : And The Winner Is raconte les Grammys. Il est sûr qu’il va gagner car il est au top. Chubb nous dit que tout le monde est là (Run DMC, LL Cool J, Kool Moe Dee, Eric B, etc.) : « et le gagnant est.../Withney Houston/C’est quoi, cette merde ? » ou Mr Nobody Is Somebody Now : peut-être le meilleur titre du Lp. Orgue, guitare samplée. L’histoire de Chubb Rock : « Monsieur Personne est quelqu’un maintenant ». Public Enemy l’ont bien compris, ils le créditent sur la pochette intérieure de Fear Of A Black Planet.

  • ROB BASE & DJ EZ ROCK

Outre le fait que Rob Base & DJ EZ Rock soient la meilleure vente Profile (c-à-d qu’ils ont dépassé Run DMC !), ces deux new-yorkais ont fait danser la planète entière en 88 et en 89 avec trois gigantesques tubes : Get On The Dance Floor, Joy & Pain et It Takes Two (les cris de la fille proviennent de la protégée de James Brown : Lyn Collins et de sa version de Think qu’elle a carrément réenregistré suite au succès de It Takes Two !). It Takes Two connaîtra même un remix signé par l’anglais Derek B. Aujourd’hui, Rob Base et DJ EZ Rock poursuivent une carrière séparée. Robe Base fut le plus rapide, il a sorti en 90 un album modestement intitulé The Incredible Base.

  • POSITIVELY BLACK

Issus du même label que Kid & Play, Positively Black n’ont rien à voir avec ces derniers. Leur nom n’a rien d’usurpé. Ils sont noirs, fiers de l’être, et rêvent d’un monde uni et pacifié : « la paix s’obtient par la pensée, la division se fait par la couleur, et l’amour est éternel mais la mort est la fin... Alors, reveillez-vous ! » (96). « Cassez ces clivages et regardez la réalité comme seule et unique. Quelle est la différence entre Rap et Hip Hop ? Quelle différence y a-t’il entre la Côte Est et la Côte Ouest ? Et le plus important, quelle différence entre Noir et Blanc ? » (97).
A première vue, les membres de Positively Black viennent du New Jersey et leur premier Lp sobrement intitulé Positively Black (1989) est passé totalement inaperçu malgré ses indéniables qualités : mélodieux, sensible, samples variés, des musiciens et pas moins de quatre DJ’s. Les thèmes sont multiples (le Viêt-nam, la violence urbaine, la guerre) mais tournent tous autour de cette idée maîtresse : le désir/besoin de se sortir de toute cette merde ambiante, par la fraternité, le pacifisme et l’amour. Escape From Reality, Wilderness Of Sin, Nightmare On America Street (pétrifiant de vraisemblance), Think Like Ya Enemy sont de véritables classiques, dans la lignée positive de Stetsasonic.

  • TWIN HYPE, KING SUN & POOR RIGHTEOUS TEACHERS

Ces trois groupes, musicalement différents, ont en commun leur label (Profile) et s’entraident mutuellement.
Très appréciés par la presse spécialisée U.S., Twin Hype (deux frères jumeaux de 19 ans nés en Caroline du Sud et exilés dans le New Jersey : Glennis & Lennis Brown, respectivement Sly et Slick sur scène) et leur DJ King Shameek (Jose Matos, 20 ans, a travaillé avec Sweet Sensation, Seville, Tony Terry et T-Rock, qui tient son nom du même gang du Bronx que Scott La Rock) n’ont qu’un seul Lp à leur actif mais pas n’importe lequel !
Produit par Hollywood Impact (également responsable du son de Style O), ce Twin Hype (1989) possède un son ENORME, mélangeant, avec réussite, les genres ; Tales Of The Twins : horror-rap avec un bassiste, Phillip Gaines ; For Those Who Like To Groove : un vrai batteur sur ce titre à la gloire du House/Rap ! ; Suckers Never Change (appel à la paix) ou cette ego-song fantastique qu’est Twin Hype : rien que l’intro, « Bum ! Rush The Sound ! ».... Twin Hype sont deux des meilleurs nouveaux MC’s new-yorkais (deux des voix les plus modulables de la scène en tout cas). Un jour, ils auront leur heure. Et elle risquera de dépasser les soixante minutes.

Après un excellent debut-Lp en 1989 (King Sun XL), King Sun - membre de la 5% Nation - s’est imposé avec son second album : Righteous But Ruthless produit par King Shameek (cf. plus haut) et Tony D (Tony Depula) dans les studios de l’équipe d’Hollywood Impact. Voix grave (suave parfois), piano acoustique (sur l’émouvant Be Black), samples et rythmes classiques mais retenables dès la première écoute, King Sun rappelle Tone Löc (le machisme en moins, l’islamisme en plus). Sur la chanson The Gods Are Taking Heads, il a invité ses amis les Poor Righteous Teachers.
Ceux-ci, par leurs surnoms (Wise Intelligent, Culture Freedom & Father Shaheed) annoncent la couleur. Les Poor Righteous Teachers, élevés comme tant d’autres au son du show radio de Kool DJ Red Alert, ont choisi clairement de passer un message - ou plutôt plusieurs - dans leur Rap teinté de Funk (Rock Dis Funky Joint). Leur album, Holy Intellect (1990) produit par Tony D, propose de merveilleuses perles : Time To Say Peace, So Many Teachers, Poor Righteous Teachers, Strictly Ghetto, Holy Intellect (la vidéo du même nom montre quelques membres de la 5% Nation) .

  • HEAVY D & THE BOYZ

Heavy D vient de Mont Vernon, dans l’Etat de New York. Dès 86, son premier disque fait irruption avec une reprise de Jean Knight (Mr Big Stuff) suivi par son Lp Livin’ Large avec G. Whiz, Trouble T-Roy (qui vient tout juste de mourir, suite à une chute survenue en concert) et DJ Eddie F. Son style : « je suis né dans les Caraïbes et j’ai passé mon enfance à n’écouter que du Dub pur. Quand je n’écoute pas de Rap, j’écoute du Reggae. La musique m’émeut, me rappelle mon enfance. C’est une chose naturelle pour moi de combiner les deux styles » (98). Un amour pour la musique jamaïcaine qui le rapproche de KRS One qui va d’ailleurs le convier pour le maxi Self Destruct du Stop The Violence Movement. Heavy D persévérera dans les actions humanitaires en jouant au bénéfice de fondations pour la recherche contre le sida. Peu après avoir joué tout dernièrement dans un spot publicitaire pour Sprite, Heavy D a annoncé un nouveau 30cm produit par Eddie F (des Untouchables), Teddy Riley, Marley Marl et Dr Dre. Rien de moins !

  • NEW YORK RAPPERS, EN VRAC

L’objet de ce livre n’étant pas d’être une encyclopédie exhaustive de tous les groupes Rap, je ne m’aventurerai pas à citer tous les groupes new-yorkais (et des alentours) actuels ni même du passé (la vague deviendrait un raz-de-marée).
Notez tout de même quelques noms : JVC Force (pour leur Strong Island qui fait le tour des compilations, et par là même, du monde) ; Little « Louie Louie » Vega (aussi producteur) et SA Fire (tous deux issus de la Latin N.Y Scene dans laquelle on compte Latin Empire avec Puerto Rican & Proud) ; MC Lyte : une sex-addict. On l’a vue aux côtés de Sinead O’Connor sur le maxi I Want Your Hand (On me) et sur le 45t du Stop The Violence Movement ; Seville (du nom d’un modèle de Cadillac. On l’a découvert en 89 avec l’inouï Keep Ya Movin’. Sur Cutting Rds, on trouve un autre Seville deux ans auparavant avec un single Take A Walk produit par Jazzy Jay. J’ignore s’il s’agit du même groupe...), Too Nice de Stonybook, N.Y ; Whistle formé par Kool Doobie (UTFO), Jazzy Jazz (Two Tuff) et Silver Pinner : tendance R&B ou encore Redhead Kingpin & the F.B.I et leur excellent Lp A Shade Of Red au son imposant avec des chansons comme Do The Right Thing, Pump It Hottie (voix suave, paroles explicites), We Rock The Mic Right, The Rehead One (torturé, à la limite de l’Industriel et du Rap), Kilimanjaro Style (raggamuffin’).

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Messages

  • Les Editions La Brèche Clandestine Orléans présentent : Rap et révolution / Défi de la jeunesse noire américaine Brochure au format PDF 1,1 Mo en bas de cette page !

    Pour la petite histoire, je suis un disciple de Georges Lapassade ! Je prépare un travail sur les ateliers de poésie urbaine en France.

    Salutations les plus amicales.

    *** Karim ***

    Voir en ligne : LCR Orléans / sommaire... photo Public Enemy pour tout l’été !

    • Bonjour, Je souhaiterai juste entrer en contact avec Karim voir l’auteur de ce livre.G kiffer le petit article,la petite histoire comme il le dit si bien ki reste pour moi la culture hip hop une grosse histoire ss fin.Kan a moi je travail ds une asso ki a pour but de promouvoir les Kultures urbaines. Nous fezons de la promotion d’artiste,street marketing,évènementiel et je mokupe paralèlement d’1 artiste rap Fredy K menbre actif du groupe ATK je vous laisse mes coordonées en l’attente de votre réponse.Tisso 06/64/50/62/67 Mon mail urbankulture@hotmail.com trés bonne continuation . PS:Je souhaiterais de tou keur propozer kelkes idées et pkoi pa partager ou discuter d’1 projet ki me trote ds la tête depuis un bout de temps voir si la personne serait interesser pour son proch1 livre merci. Mes sincères salutations.

    • Salut Tisso j’ai lu ton message pour le livre j’ai vu qe tu t’occupe de freddy k je conai par rapport à l’album d’atk. Je chante en français et en américain un peu à la jaheim dc si ça interresse ton artiste je te laisse mon mail : street.poet@caramail.com

      Elijah

  • Bonjour Davdfuf

    Mon prénom c’est Mel, je suis étudiante en histoire contemporaine à la Sorbonne. Et pour ma maîtrise j’ai choisi d’étudier « le mouvement Zoulous dans les représentations et la société de la région parisienne ». Même si mon mémoire portera plus sur les déviances « à la française » ( et sur leur médiatisation tendancieuse), la Zulu Nation c’est forcément une histoire de hiphop. Or tes connaissances en la matière n’ont plus à être pouvées vu le succès de ton livre, donc si jamais tu avais quelques instants à m’accorder, j’aimerais que tu me parles des années 90.

    Bonne route à toi. elverra@hotmail.com

    • Bonjour, je suis Queen Candy, une des fondatrices de la Nation Zulu Française te si tu veux, tu peux me contacter afin de ne pas écrire n’importe quoi sur les Zulus. Peace

    • Salut, cec est un message personnel à Queen Candy avec qui j’essaye de rentrer en contact depuis quelques temps deja. On se connait depuis l’origine de Spray Can Mag, époque ou nous correspondions ensemble pour le mag, mais depuis j’ai perdu toute trace de notre Queen. Les années ont passés et j’ai meme essayé d’écrire à SCM (cité Picasso) mais la lettre m’est evidemment revenu. Voila si aujourd’hui on peut rentrer en contact à nouveau ça me ferait plaisir. Merci de transmettre ou de me donner ses coordonnées. Mon nom d’époque était KEN et j’habitais à Montrabe (pour me resituer). olivier.armengaud@laposte.net

    • bonjour, on m’apelle vii, je cherche à entrer en contact avec des ’vrais’ zulus pour le projet de création d’un site web qui devrait servir de tremplin aux gens qui ont, comme moi-meme, le désir et la foi de faire revivre la lumière et la réelle lutte, qui se souviennent que le hip hop c’est pas uniquement la benz et trois meufs en string....merci de me contacter au princez@wanadoo.fr PEACE-VII

    • Chere Queen Candy !!

      Travaillant a NY j ai pu voir a quel point la culture hip hop est puissante comme l impacte de la zulu nation contre le « bling-bling » J ai pas mal de questions a te poser sur la zulu nation france ? Comment pourrais-je te contacter ? Vive the true hip hop peace Jay E

    • Queen Candy !!!!

      J ai pleins de questions au sujet de la zulu nation france. Comment puis je te contacter ? Vive the true hip hop ! peace Jay E

    • message pour Queen Candy bonjour j’ai fait qques photos a un concours de graf que tu avais organisé a la courneuve j’aimerais avoir la date : 88 / 89 ?

      si y’a moyen

      merci

      pascal boissiere

      pascal.boissiee@yahoo.fr

    • Bonjour Pascal, c’est Candy. Faut l’faire : ce n’est qu’aujourd’hui que j’ai découvert ton message sur le site de Daveduf ! S kil n’y aurait pas une erreur d’orthographe à ton adresse e.mail ? boissiee ou boissiere ? Manque pas le R ? Quoiqu’il en soit, tu peux m’écrire sur : queencandy@neuf.fr

      À bientôt !

    • Ce message s’adresse à miss Queen CANDY (fondatrice de TZL, Spray can mag... Reine ZULU de Paris !

      je graf depuis 87 et taff sur le projet d’un livre sur le graffiti mais aussi sur une émission de télé sur le net sur la culture HIP HOP (classiqhall) prévu en juin 2008

      je cherche à rentré en contact avec CANDY, mais le mail que j’ai trouvé ne marche pas...

      jetant une bouteille à la mer...

      Merci de me contacter si nouvelle :

      artcoreshow@gmail.com

      Cordialement COMER

    • Salut, C’était en 89 et le thème du concours portait sur la liberté. Y’avait même un graff dédié à mandela qui devait sortir de taule.

    • par hasard je tombe sur cette page en cherchant le nom des sapes trés colorés, style ,le groupe TLC et j’ai lue vos com et suis tombés sur ce message de Queen Candy....et quand j’ai vue le sujet du concours de graff de 89,ça m’a rappelé un souvenir de ouf....j’avais connaissance d’un graff« LIBERTE » de la zulunation....en 89 qui était passé dans une revue de presse nationale et j’avais refait le meme graff dans ma ville.....alors je repense a Candy a Zulu Letter...etc ...a ce jour mon surnom est « lecompasman » et sur you tube vous trouverez des vidéos « lecompasman » ou « le traceur de cercle »ou « cercle sur le sol »si ça vous dit,ayant pratiqué plusieurs discipline de la culture hiphop depuis le millieu des 80 ....respect a Candy et l’époque ou le mov« était »culture hiphop« .....meme si tout n’était pas clean......comme james dean.....on avait »la fureur de vivre" un truc vrai de rue,inventif,créatif.....dommage pour ce que c’est devenue....je m’y recconnais plus depuis plus de 15ans...

  • Salut à tous !

    Je tenais à vous dire que j’ai adoré votre livre (A quand une réédition ?). Nous avons décidément de bons auteurs sur le hip-hop et le rap en France (Georges Lapassade et Philippe Rousselot pour leur magnifique essai « Le rap ou la fureur de dire », SBG et Desse pour leur « Freestyle », Olivier Cachin…) J’officie moi-même sur un site internet consacré au hip-hop avec un pote, webmaster : www.scarla-webzine.com . Mon pseudo, c’est Zili Spike. On se démène comme on peut, entre cours, soirées et repas de familles (sic) pour régulièrement mettre à jour notre p’tit bijou. Donc voilà, je venais ici pour faire un peu de pub et élargir notre cher (et rare) public, qui, je l’espère, appréciera notre boulot. Je serais également heureux d’avoir l’avis du maître sur mes articles. J’ai fait des news et des dossiers en rapport avec l’actualité hip-hop à mes débuts, plus ou moins pompé sur des papiers de Groove ou Radikal, mais on a maintenant trouvé notre véritable identité, et on se concentre plus sur des sujets qui n’ont pas encore été mis en exergue (les relations entre rap et rock, rubrique « articles & dossiers »), des idées qu’on pense originales ou des artistes peu médiatisés, qu’ils soient américains ou français (Dead Prez).

    Je lance pour finir un appel à des rédacteurs, traducteurs, chroniqueurs, et pourquoi pas dessinateurs, caricaturistes qui, comme nous, ont envie de bosser sérieusement (et sans rendement bien sûr, mais aussi sans salaire…) pour le simple plaisir, ou parce qu’ils rêvent de voir un jour leur nom en bas d’un article de la presse spé hip-hop. Avis aux intéressé(e)s ! Contactez-nous à l’adresse suivante : support@scarla-webzine.com.

  • Re-Salut !

    C’est encore Zili Spike. Je viens annoncer à mon cher (et un peu moins rare)public que le site change d’hébergeur (mais ça, vous vous en foutez) et de nom : De scarla-webzine.com, on passe à www.scarla.net @ bientôt les homies !

  • Bonjour je m’appelle nath je fais des études pour être musicien intervenant en milieux scolaire et je fais un mémoire sur le beat box je récupère toute les info possible sur ce sujet:expérience personel,méthode pédagogique avec les enfants les ados,expérience farfelue,fusion avec différent style...Merci d’avance. nath_bianconi@hotmail.com

  • Ce livre est disponible au rayon « musique » de la médiathéque d’Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais).

    Voir en ligne : http://perso.wanadoo.fr/lepierretor...

  • peace akhi

    Je rebondis juste sur les saluts à l’encontre de Queen Candy (ça me rapelle désirée aussi) et autres amis de la zulu nation, aux anciens de ticaret, Lionel-D, D-Nasty et consors et juste pour demander une faveur, je recherche désespéremment la video du clip « ndodemnyama » chanté par le crew « hip-hop artists against apartheid » juste avant la libératoin de Mandela de 1990, dans lequel deux rappeurs français venaient se joindres aux grands noms de l’époque, j’ai retrouvé la musique originale mais sans les deux couplets français :(

    Si quelqu’un a un quelconque moyen de me retrouver ça, je lui serait grandement reconnaissant.

    merci à toutes et tous

  • Salut tout le monde ! Je suis étudiant en anthropologie et je dois rédiger pour septembre un mémoire sur le mouvement hip hop sénégalais. Si quelqu’un possède des infos sur ce sujet, peut-il me les envoyer ? Merci à tous.

    Mon mail : julienlandreau@hotmail.com

  • bonjour ! je suis un éducateur spécialisé, j’ai des ateliers de danse hip hop j’intervien dans le milieu scolaire (milieu instutionnel). En décembre je dois faire une conférence sur le mouvement hip hop dans un lycéé j’aurais besoin de plus de renseignement sur la ZULU Nation on peut me contacter sur Paul.filippi@neuf.fr et Merci

  • Bonjour a tous ! Moi, c’est Younes du 90, je suis tombé presque par hasard sur le site...bref, moi je suis étudiant en physique chimie, je sais que ça n’a rien a voir avec le rap mais j’ai vu des aritcle qui m’interesse tout de même non par leur structure moléculaire mais par l’intérêt que je peut leur porté : pourquoi ? très bonne question tout simplement parsque je suis chanteur de rap à côté ! et oui !!! donc si quelqu’un peut ou veut me donner un coup de pouce tout simplement en écoutant mes morceau dans un premier temps pour ensuit envisager la suite....merci nessyou21@yahoo.fr 0609987323

  • Bonjour, je suis un élève de première L et réalise mon TPE sur le thème : Le rap, un moyen d’expression. Merci pour les infos de votre livre. Si le travail fini vous interresse, je pourrai vous le passer. Si vous le voulez, laissez un commentaire ici et je vous expliquerai comment vous l’envoyer. Merci encore pour les infos ! Valentin

    • bonjour a tous, je m’interresse depuis quelque temps ou rap et a un peu tous ce qui tourne autour, j’aimerai bien avoir le maximum de document parlant du rap, donc si vous avez quelque truc (pdf, site internet,...ou autre) merci de me le dire, voila mon adresse mail : ultradelasud1992@hotmail.fr

      merci d’avance ;)

  • salut, pour vous dire que la culture hip-hop a évolué, quelle se réduit de plus en plus à un bizness qu’elle perd son essence et ses valeurs, bref le rap nique tout avec une bande de branleurs qui ne visent que la guez la villa et les bitchs<...FUCK IT ! les résistants ne passent pas dans les médias mais heureusement ils sont là (surtout en provinve), une culture plus qu’un faux moyen de vivre, les vrais ne mesurent que leur art (le reste on verra...) Donc nique tout le « pseudo mouvement » caillera qui vise les dollars en jouant les « victimes », va au bled mec, et tu verras s’il tient ton putain de fond commerce à la calimero, boy bas toi et ne te plains pas de ce que tu fera aux autres si ça marche pour toi un jour....T’aura une marque de sape, tu feras travailler des minos du tiers monde en disant « j’ai pas l’choix ! » FUCK IT... Le hip-hop vrai devient rare et peut-être que c’est pas plus mal (dieu reconnaitra les siens...) bon bah boujou les gars (positif-impakt@hotmail.fr) et big up à la Nuance Subtile (hip-hop 2 Hot-Normandie)...

  • Pour des raisons pratiques, je me suis permis de convertir les pages en fichier global PDF (sans signets). Si autorisation davduf.net, il est dispo en téléchargement sur demande ==> fandilule@tiscali.fr

    • hey hey...

      Bonne initiative ! Peux tu m’envoyer une copie pdf que je vois ce que ca donne ? Merci !

      D.

    • Hé bien, voilà, le fichier est pret. Yo Revolution Ra en PDF

      Un garnd merci à Fandidulé pour tout le mal qu’il s’est donné !

    • Oh le lien pour le fichier pdf ne marche plus !!!

      J’ai pas eu le temps de le conserver dans mon ordi... est-ce que quelqu’un pourrait me l’envoyer par mail please ???

      merci à tous...

      et souvenez-vous : Peace, Unity,....etc

      Bises,

      Marion

      mail : mayleen71@yahoo.fr

  • la médiocrité des mélodies pop africaines de johnny clegg ?? passe ton bac d’abord, cultives toi, ensuite tu parleras sur la médiocrité, pauvre (h)urluberlu ! Ensuite tu feras du sport et t’essaieras de lever ta jambe au dessus de ton bras de fauteuil.

  • bonsoir je souhaite connaitre le titre de l album de la rappeuse DA BOSS année 1992/1993 merci

  • bonjour je voudrai savoir a partir de quel age vous prenez les perssones qui font de la musique car moi je tien un groupe de rap et j’aimerai me faire entendre alors reponder moi sil-vous play. aurevoir et repondez nous vite merci..

  • OK Franck. J’ai pourtant bien supprimé ton nom depuis un bail. Je ne vois pas où il apparaitrait...

    Pour information, il s’agit d’un livre qui date de... 1991.

  • Bonjour David. Je suis curieux de votre lecture de cet article sur l’électro hip hop.

  • Bonsoir,

    J’avais rencontré au siècle dernier Candy gràce à mon ami musicien Fred Montabord alias Docteur Fred. Avec un ami Olivier Brial (rip) nous avions produit Africa Bambata en concert au Place et à SOS Racisme avec un big band dont Sydney à la basse , Dcteur Fred et Edddy Emilien aux claviers, Yves Njok guitare, Brice Wouassy battereie... Ma question que devient Candy ? Texaco et Mariam me connaissent du temps où je manageais pour Africa Fête en France le goupe de hip hop ragga sénégalais Positive Black Soul de 93 à2000 (PBS que nous avions aidé à la signature en maison de disque : Mango/Island UK et chez Polygram musique pour les éditions ) Merci d’avance pour votre réponse

    Salam-Shalom

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