L’expérience immersive du web documentaire

By David Dufresne, 29 January 2012 | 2831 Visits

Samuel Gantier, Maître de Conférences associé à l’Université de Valenciennes et Laure Bolka, Maître de Conférences en Sciences de l’Information et de la Communication à l’Université Lille3-Charles de Gaulle, ont signé dans les Cahiers du Journalisme (automne 2011) une des réflexions les plus abouties sur le genre webdoc.

A travers «trois enquêtes journalistiques immersives» (« Voyage au bout du charbon», « L’obésité est-elle une fatalité ? » de Samuel Bollendorff et «Le Challenge : le procès du pétrole en Amazonie» de Laeticia Moreau), les auteurs soulèvent la «problématique de (...) la réception de l’œuvre : quelles sont les questions qui se posent au « spectateur-actant » dans l’appropriation de l’objet ? Quels sont les ajustements cognitifs dont doit faire preuve ce « spectateur-acteur » dans la cocréation de sens ?».

Bien que trés ramassée dans sa longueur, cette première reflexion offre de belles pistes à tous ceux qui travaillent sur le genre. Espérons que les auteurs continueront leurs analyses, tel qu’ils le laissent entendre dans leur publication.

C’est à lire ici: Cahiers du Journalisme (automne 2012)

Extrait 1:

«L’analyse de ces « interfaces-films » part du présupposé théorique qu’une interaction homme-machine nécessite un travail cognitif important pour un « spectateur-acteur ». Cette conception de la réception va à l’encontre du discours profane qui associe le web documentaire à une expérience purement ludique et rejoint sur ce point l’ensemble des amalgames qui entourent notamment le « serious game». Il nous semble ainsi nécessaire de dépasser l’opposition binaire et manichéenne entre un spectateur-internaute défini comme actif et un spectateur de programme linéaire prétendu passif. Lors de la lecture d’un web documentaire, le « spectateur-actant » est ainsi en tension permanente entre deux postures spectatorielles qu’il occupe alternativement :

– pour s’identifier aux enjeux du récit, celui-ci est immergé dans la diégèse de « l’interface-film ». Il baigne dans un flux de fragments hypermédiatiques se déroulant en continu ;

– cette immersion alterne avec une posture externe où le « spectateur-acteur » est invité à cliquer sur l’interface afin de choisir entre les différents chemins narratifs proposés par les concepteurs. Ces moments d’interactivité où le spectateur est invité à intervenir marquent généralement une pause dans le déroulement du récit et induisent un regard méta-narratif.»

Extrait 2:

« Les web documentaires analysés sont construits dans une négociation entre repères rassurants et éléments déstabilisants pour l’usager, qui peuvent être vus comme des garants du maintien de l’attention. Les repères rassurants rendent l’usager réceptif, tandis que les éléments nouveaux participent à éveiller sa curiosité et retenir son attention, à condition que la dose de nouveauté – et donc de déstabilisation – ne soit pas trop importante, afin de ne ps le désorienter et le décourager.»

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