Ce devait être en 1984, un entrefilet dans le plus minimal des fanzines, « Flah »1. Une brève avec une adresse à Angers. Ça parlait d’un nouveau groupe qui tuait le temps à coup de Gibson.
Ce fut une lettre. Puis une K7. Puis un premier article dans mon propre fanzine. Puis une rencontre, à parthenay ou Bressuire, ou qu’importe, les frères Sourice étaient là. On s’est regardé, salué, sans se douter que ça durerait.
Il y aura le foot, la Buddy Holly Cup, dans le van en tournée aux USA, les déconnades dans les bureaux de Bondage. Il y aura leurs concerts, majestueux, nombreux, impéteux/impeccables. Un « Road Closed » pour les amis à l’Olympia, et un stage-daving de quelques sur-excités, avec Rico, Saunier, et d’autres.
Il y aura les disques des Thugs, bande-son d’une jeunesse qui se brûlait. Les accolades d’Eric. Le regard de Christophe. Le sourire de Pierre Yves. Le rire de Thierry. Et ces guitares, Dieu, ces guitares. « Without Annie », « You Say Why », « I Need You », « I.A.B.F »., tous ces instrumentaux, déluges et flots, refuges et accompagne-solitude, et « PaPaPa », et « Strike », et ces slogans, cette esthétique noire et blanche, sépia, jaunatre, gros-grain, photocopie 77, 77 partout, 77 à 77, trois accords, tu parles, deux guitares, ils faisaient.
Se regarder dans un CD, et voir des rides en croyant qu’il s’agit de micro-sillons.
C’était leur monde, leur fratrie, une forteresse qu’ils ouvraient sans cesse, une bande d’amis qui se cherchaient des frères, ou l’inverse peut-être (oui, sûrement). C’était les putains de Thugs.
Le neuf novembre deux mille quatre, Crash Rds va publier l’intégrale de leurs disques : huit albums, huit DigiPack, remasterisés, avec des inédits, des notes. Sur la tranche, il sera écrit : « Inventaire ». C’est un joli mot, Inventaire. Le droit d’inventorier. Et le devoir d’inventer. Faire Taire le Vent. Et Inventer un autre temps.
Ils avaient cette chanson sur un gars qui siffle. Siffler au vent, siffler dans le vent, être ni devant ni derrière, mais à côté. C’étaient les Thugs, des entêtés, des entêtants.
Dans leurs bonus, fournis dans la collection, ils ont (re)mis leurs chœurs à l’ouvrage, comme ils faisaient souvent. Le cœur. C’était une de leur particularité. Ils en avaient tant d’autres.
Comme Christophe, leur batteur, il sifflotait, hurlait, criait, de derrière ses toms. Comme Eric, le chanteur, il sifflotait, hurlait, criait, d’à côté des autres, jamais devant (une devise ? - décidément). Comme Pierre-Yves, si jeune, bon sang, contre cruel de la jeunesse (qui passe, qui siffle). Et l’autre Grand, le Méanard, le Thierry, toujours rigolard. Et Gérald, qui partit avant qu’on passe à autre chose. « Welcome To The Club » ou « Gone » (reprise des Dogs) ou « Fiers de ne Rien Faire » (reprise des Olivensteins). « Inventaire », les salauds. Etre dans l’arrière-boutique, regarder devant, détourner le regard, refuser de voir le tiroir-caisse, courbé, être courbé, regarder au loin, où est passée ta force ?, tes dé-croyances ; inventaire-invention, tu te racontes quoi, depuis quand, et ta force de travail, à qui loues-tu, déjà ?
« Inventaire », disent-ils. Sacrés punks, hein. « Inventaire », comment savoir ; comment vouloir, comment pouvoir ? Se regarder dans un CD, et deviner des rides en croyant qu’il s’agit de micro-sillons. Ecriture automatique, petits riens du soir et rêves de grands soirs du rock, « Little Vera Song ».
Du fond des cœurs.
Merci lés Toègz.
1Une page A4 pliée en deux, et c’était tout, oui, TOUT. Flash venait de Clermont-Ferrand
Messages
31 octobre 2004, 16:38, par bronxsi
c’est dispo en copyleft ?
punkAdonf !
Voir en ligne : liberez la musik
31 octobre 2004, 16:55, par davduf
Les disques des Thugs en copyleft ? Non, je ne crois pas....
2 novembre 2004, 23:22, par Vince
Merci d’avoir parlé d’eux. Je croyais que tout le monde les avaient oublié, alors qu’ils ont été des pionniers (jusqu’à Seattle !), sans pourtant jamais la ramener. Je me souviendrai toujours d’un concert black et noir avec eux et les deity guns. Leurs chansons avaient pour moi un mélange de rage et de nostalgie, le feu et la pluie, qui les rendaient uniques.
3 novembre 2004, 15:33
Non, non Vince... D’abord, tout le mérite revient à Crash Disques. Deuxio, je ne crois vraiment pas que les Thugs soient un groupe oublié... je crois qu’ils ont vraiment marqué le rock en France... et ailleurs. Ce je-ne-sais-quoi de modestie dévastatrice... ,-)
9 janvier 2005, 03:08, par Zzz. l’angevin de passage...
« Tribute to les Thugs » compilation hommage par les p’tits groupes de chez nous, disponible chez tout bon disquaire indé angevin qui se respecte... ;-)
18 février 2005, 00:47, par Raskalito des ouabes
Ben oui, « tribute to les thugs » j’aurais bien aimé l’avoir mais voilà, il est à peine sorti que la boite qui l’éditait a fermé... Bon, si qqun peut me dire comment le trouver, j’en serait très happy, en bon fan des Thugs que je suis.
19 mai 2005, 01:22, par Zzz. (adresse anti spam)
Euh... ca, je ne le savais pas. Eventuelement, si tu n’es pas d’Angers, je peux tenter de me renseigner chez les disquaires de là bas pour voir s’il en traine pas un ou deux quelque part... De là, ya peut être moyen qu’on négocie par mail.
Le mien : l.oiseau2nuit[AT]gmail.com
@++
Voir en ligne : La Minute nocturne et méga octétique de Zzz. - à surtout prendre comme telle :)
1er juin 2005, 11:32, par PAPAPA
Salut bande de thugs,
Eh bien ça fait du bien de pas se sentir seul !
La compilation est dispo chez GIBERT MUSIC à Paris (boulevard ST MICHEL...)
Keep on whestling !
7 octobre 2005, 17:05
Welcome sur le tout nouveau blog des fans de BASTARD
Sorte de pétition amicale pour dire « NON AU CONCERT UNIQUE » on en veut encore, et vous ??????
http://bastardaparis.blogspirit.com/
On attend vos commentaires !! Et faites tourner ! :)
Voir en ligne : http://bastardaparis.blogspirit.com/