A propos des « événements » de Grenoble et du maintien de l’ordre en général

Par David Dufresne, 14 août 2010 | 294 Lectures

Ce matin, L’Humanité consacré plusieurs pages au quartier de la Villeneuve à Grenoble et m’a interviewé pour un article intitulé :

« Une esthétique de film de guerre : Hélicoptères et projecteurs, la répression des émeutes tourne à la guerre psychologique. ».

Utilisés pour la première fois en 2005 pour intervenir dans les banlieues en crise, les hélicoptères qui ont survolé le quartier de la Villeneuve en juillet dernier ont traumatisé bon nombre d’habitants, rappelant notamment à quelques chibanis de douloureux souvenirs de la guerre d’Algérie. Pour Yannick Danio, délégué national de l’union Unité police SGP-FO, ces volatiles d’acier armés de projecteurs sont utiles pour détecter les personnes à interpeller dans la pénombre. «  En cas d’émeutes, les éclairages publics sont cassés en quelques minutes. Alors pour peu que la configuration architecturale du quartier soit difficile à appréhender, ce qui est le cas à la Villeneuve, leur contribution peut s’avérer précieuse. D’après mes collègues de Grenoble, c’était carrément nécessaire.  »

Était-il pour autant indispensable de continuer à balayer les airs au cours des nuits suivantes ? Rien n’est moins sûr. David Dufresne, auteur d’une enquête sur le maintien de l’ordre, perçoit ces projecteurs comme une manière de figer la situation. «  Il s’agit d’impressionner, de faire peur, de dissuader. On crée une esthétique de film de guerre, abondamment relayée par les médias.  »

Si Yannick Danio préfère penser que le recours à ce type de moyens, prêtés par la gendarmerie ou l’armée, s’insère dans une logique où l’on «  démontre ses forces pour ne pas avoir à les utiliser  », le journaliste y voit une «  arme psychologique  » qui, si elle n’est pas dangereuse en soi, peut vite «  provoquer des effets pervers, conduisant à l’escalade de la violence  ».

Une chose est sûre, à la Villeneuve, ce déploiement de forces a achevé de rompre les liens déjà fragilisés entre les jeunes et la police. L’avocat Claude Coutaz, en charge du dossier de certains habitants, constate l’étendue des dégâts : «  Même des mamans auparavant pleines de bon sens commencent à me dire que, quand elles croisent des policiers, elles n’ont qu’une envie, c’est de leur cracher dessus.  »

F. B.

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