Poèmes de l’ami d’enfance

astrid. poèmes & photos.

Par omer hariulf cornaz, 14 juin 1996 | 8580 Lectures

LES AVORTONS
Les embryons humides
se dessèchent et se recroquevillent
ils serviront de boucles d’oreilles et de porte-clefs
à moins qu’on ne les mangeât
car ils croustillent sous nos dents
comme des hannetons grillés.

ETHER
Elle inhale allongée
la mort diaphane
les fragrances de méthane
envahissent son joli nez.

DAMNATION
Alors que la camarde passe des bagues numérotées à l’annulaire droit des petites filles et que celles-ci me sourient avec des dents si blanches et un regard trop pur, je me demande pour qui je travaille et si vraiment je travaille.

EGAREMENT
Les petites filles pleurent le long de Long Island. La mort ricane. Les jeunes filles se taisent. Les chiens égarés et les enfants du ghetto s’en vont dans les bunkers du vice.

REBECCA
L’escalier crisse
et puis pim pam pim pam
elle descend vers moi
mais ne me regarde pas.

LA MOYEN-AGEUSE
Chère petite fille gothique
je me pendrai avec tes nattes
à moins que je ne me jetasse
dans les douves de tes yeux morts.

OLGA
Saut de l’ange
eau froide
aine ferme
galbe de marbre terne
des algues vertes noires
incrustent ses jambes de satin
elle emmerge agressive
ses muscles ruissellent de sang
et ses lèvres lascives
découvrent de jolies dents.
La nymphette sortie de l’océan vert et blanc
est une walkyrie de la mort.JOY
Les filles lubriques aux parfums fauves se vautrent et se contorsionnent sur les divans. La joie se consume dans un délice d’ébriété.

LES ADOLESCENTES
Les cheveux de safran flottent sur leurs épaules insouciantes.
Les hautes herbes sauvages.
Un vent frais s’engouffre sous leurs robes légères.
Les Irlandaises.

LES PECHES DE VIGNE
Les nuits sont succulentes de fraîcheur. Alors que nous léchions des oranges amères, tout ne devint que volupté et tendresse de vivre. Elles ont des robes délicates taillées dans des étoffes chatoyantes, les bouches sont suaves et les doigts s’entremêlent.

SUR UN LIT D’HOPITAL
Elle a le visage blème
et son sourire est amer
c’est comme cela que je l’aime
comme toutes les filles maladives.

INGRID
Elle gisait par terre dans le sang
dénudée sur le carrelage froid
je caresse son corps déjà glaçé
et j’embrasse ses lèvres rigides
ses seins durçis par la mort
je lèche le sang qui macule son ventre
et j’en extrait la dague ancienne
puis je m’endors à côté d’elle
le visage enfouit dans sa blonde cheveulure.BABY DOLL
Belle Sandra K.
petit corps de sirène
un beau jour me fera
faire un trou dans la Seine.

SUR L’AUTEL
Sa beauté froide et maladive m’attirait étrangement. Son visage d’albâtre, le blond vénitien de ses longs cheveux, tout en elle n’était que vestale de ma propre luxure, de mes orgies décadentes et cruelles, de mes bacchanales tardives aux couleurs du sang de mes victimes en offrandes.

ENTRE TES LEVRES
Le calice tu dévores
des délices de mon corps
et je vois dans tes yeux
le reflet de mon sexe.ALICE
L’armoire est fermée
elle ne s’ouvre jamais
sauf pour laisser sortir
des petites filles en robes blanches
elles entonnent des cantiques
et des litanies anglaises
puis elles rentrent à nouveau
et le rêve se termine.

PRISONNIERE
Dans les filets de mon objectif
je t’ai prise petite sirène
et je te garderai toute ma vie
même si un jour tu me hais.

REVIENS
Sandra
si je t’ai fait du mal
absous moi
rejoins moi je t’en conjure
sinon solitaire
je balancerai les pieds en l’air
non loin de chez toi
pendu au réverbère.

LE DERNIER BAIN
Armée d’un rasoir
l’adolescente prend un bain chaud
et ce sera le dernier
et l’eau deviendra rouge.

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