CitizenFour, la leçon

Par David Dufresne, 25 février 2015 | 10651 Lectures

Depuis trois jours que j’ai vu ce film, Edward Snowden me hante. Sa jeunesse - il n’a pas trente ans au moment du tournage - ; sa lucidité ; son sourire tendre ; son intelligence ; et son courage putain son courage et son regard aimant, sauf une fois, quand il doit faire ses valises en catastrophe, ce n’est pas que la panique se lise sur son visage : elle est son visage.

C’est en janvier 2013 que la réalisatrice Laura Poitras1 reçoit pour la première fois un e-mail anonyme signé CitizenFour, le nom de code que s’était donné Snowden.

Le film Citizenfour prend place à l’hôtel Mira à Hong Kong, où Snowden est réfugié, avant de sauter dans un avion pour Moscou. Dans sa chambre d’hotel, il n’y a rien et il y a tout ; tout ce qui fait de nous potentiellement des êtres sous surveillance mondiale généralisée. Des ordis, des cartes Sim, des cartes SD, des mouchards.

La force du film tient dans ce huis-clos, en présence des journalistes Glenn Greenwald et Ewen MacAskill, où le moindre exercice d’alerte au feu se transforme en allégorie de notre monde moderne, entre panique et sidération. Où les chaines d’info en continu tiennent ce même monde, entre vacuité et urgence. Où la bravoure d’un jeune homme n’a d’égale que sa modestie.

Une leçon2.

Si les héros sont morts de fatigue depuis longtemps, aucune importance : tant qu’il y aura des Snowden, anti-héros magnifiques, on aura gagné au change.

Le film circule sur torrent. Pillez-le, n’attendez pas, sauvez le monde --- et courrez ensuite le voir au cinéma.

1Citizenfour est le troisième volet de sa trilogie sur l’Amérique post 11 septembre. En 2006, elle dénonçait les excès de la guerre anti-terroriste dans My Country, My Country, à propos de la guerre en Irak menée par les États-Unis. En 2010, le second volet intitulé The Oath s’intéressait à Guantánamo.

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