Corona Chroniques, #Jour57

By David Dufresne, 11 May 2020 | 214882 Visits

MARDI 17 MARS 2020, JOUR 2

MATIN Ce matin, en boucle, les speakers télé et radio se repaissent du mot guerre. Ils le répètent, à l’envi, en faisant des ronds, comme un grand mot, trop gros pour eux, comme le Président hier, et son second, Castaner. On dirait des gamins qui attendent l’enrôlement. Ces présentateurs frémissent à l’idée d’avoir enfin quelque chose d’important à faire. La fonction créé l’uniforme. Guerre. Guerre. Guerre. Il y a quelque chose de touchant dans ces rouages de la propagande.

APRÈS MIDI. Sur BFM TV, parade du Préfet Lallement. Il arbore sa petite tenue des grandes tournées. Casquette rigide, écusson BRAV en étendard, sur le bras gauche, et corps qui panoptique plus qu’il ne se déplace: Lallement maraude au sommet de sa fonction, chefaillon d’une guerre civile autorisée par son supérieur Macron. Redoutable Lallement, cadré sans façon à la façon de novembre («nous ne sommes pas dans le même camp»), par la même télé, la même caméra, comme un persiste-et-signe ; ses propos du jour voudraient sonner comme du triomphe: «Vous me connaissez, je vais faire comprendre assez vite les consignes. Rien n’est compliqué pour nous: on nous a expliqués que les manifestations étaient très compliquées pour nous, on nous a expliqués que toute une série de choses était épouvantable...»

Au même moment, l’ancienne ministre de la santé se reflète dans Le Monde. Agnès Buzyn accuse à mots couverts Macron et Philippe de ne pas l’avoir entendue. Mêmes techniques d’une même lâcheté: prétendre que les discours d’hier étaient infondés (les manifestations, c’était pas si compliqué; ce qui est né en Chine resterait en Chine) pour valider la vérité volage du moment. Tabler sur notre amnésie, et notre sidération, pour que ces guerriers s’exonèrent de leur responsabilité demain.

Ces mutilés d’hier, en un sens, annonçaient les sacrifiés d’aujourd’hui. Les armes de guerre d’hier sont désormais validées pour cause de virus. Les restrictions des libertés de 2018/2019 servent, celles, sanitaires et nécessaires, de 2020. C’est d’habitude, et d’acceptation, dont notre confinement est l’enjeu. C’est d’eux qui seront ou non objets politiques quand le Corona sera terrassé.

SOIRÉE. Trois Krishna dans ma rue, avec des tambourins. Je les écoute, sûres d’elles, terriblement inconscientes, une nouvelle ère de la Terre commence chantent-elles, tous sourires. Le bruit sourd de leurs peaux remplit l’espace, c’est Paris moyen âge.

Au téléphone, un ami m’annonce son programme. 45 jours, 45 bouteilles.

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