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désinformation : la France est-elle victime ?

Par JJ D-R, 21 mai 2003 | 6636 Lectures

« WASHINGTON (AP) - La Maison Blanche a démenti jeudi les accusations françaises laissant entendre que l’administration Bush aurait tenté de discréditer la France via une campagne de désinformation. « Je ne crois pas que cela s’appuie sur un fait quelconque », a commenté Scott McClellan, porte-parole de la présidence américaine, qui a rappelé que le secrétaire d’Etat Colin Powell avait récemment décrit la France comme « un allié », malgré le profond différend de la crise irakienne.1 ...

Il est pour le moins légitime de se poser la question : il y a t il une campagne de désinformation contre la France ?

Après la prise de position française pour un règlement pacifique de la crise en Irak, les attaques se sont en effet multipliées. Et c’est par dizaines que l’on compte les articles accusant la France « d’après des sources officielles » d’avoir littéralement porté à bout de bras le régime de Saddam Hussein (cf. ci-dessous quelques références à des articles visibles online2).

une campagne en trois temps

Surprise ? Pas vraiment...

Comment oublier que dans Le Point3, Edward Luttwak, ancien conseiller de Bush père et proche des faucons du Pentagone déclarait tout de go : « Il y aura des représailles américaines contre la position adoptée par Chirac aux Nations unies, de même qu’il y en aura contre Schröder, qui a fait sa campagne électorale sur notre dos. Si on peut être antiaméricain sans en payer le prix, alors tout le monde va l’être. Il s’agit donc pour nous d’affirmer la distinction entre ceux qui sont nos amis et ceux qui ne le sont pas. Chirac a décidé d’être le porte-drapeau de la réaction antiaméricaine, il a préféré la tradition gaulliste à la realpolitik, c’est la France qui va payer le prix le plus lourd. »

Le nombre d’articles mettant en cause la France a été croissant dans les dernières semaines et, avec le recul, l’on peut voir se dégager une campagne en trois temps, avec un axe unique : la France a été le soutien actif du régime de Saddam Hussein.

La première salve anti-française est partie du Royaume-Uni à la fin du mois de mars 2003 : une organisation humanitaire, Indict, lançait une campagne dans le Daily Telegraph accusant la France de collusion avec les services secrets Irakiens pour empêcher une réunion d’opposants au régime de Saddam Hussein à Paris en avril 2000. La veille, le Sunday Times sortait un article dans lequel la France était accusée d’avoir transmis au régime de Saddam Hussein des informations sur ses discussions avec les Etats Unis. Interrogé par des journalistes sur la collusion franco-irakienne, Ari Fleicher, alors porte parole de la Maison Blanche indiquait « que la France se devait répondre à cela »...

Quelques jours plus tard (le 3 mai 2003), c’est une autre forme d’amnésie collective qui frappe l’Associated Press : une dépêche intitulée « Highlights in U.S.-French History » reprend les grandes dates de l’histoire commune de ces deux pays. Et là surprise : depuis 100 ans, l’histoire commune se résume à 3 dates

  • 1917 les Américains sauvent la France
  • 1944 les Américains sauvent la France
  • 2003 : les Français bloquent les USA et la Grande Bretagne au Conseil de sécurité de l’Onu sur la question irakienne.

La guerre Froide ? La Corée en 1951 ? Le Koweit en 1991 ? Que nenni : pour AP, reprise par de nombreux journaux à travers le monde, l’histoire se résume à deux sauvetages incontestables qui finissent par une trahison ...

Vient alors la troisième vague. Le 6 mai le Washington Times accuse la France sur la foi de « sources officielles » d’avoir fourni des passeports à des officiels du régime de Saddam fuyant le pays après la prise de contrôle des américains. Et le 10 mai, c’est Donald Rumsfeld qui déclare « La France a eu historiquement des relations fortes avec l’Irak ... Mon avis est qu’elles ont continué jusqu’au début de la guerre S’il quelque chose a suivi nous le trouverons. »

2Références

3novembre 2002. Edward Luttwak ajoutait que la France avait choisi de : « préfér(er) la tradition gaulliste à la realpolitik » et pour cela « c’est la France qui va payer le prix le plus lourd. »

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Messages

  • En 1991, l’opération Tempête du désert, orchestrée par une coalition dirigée par les États-Unis, bat son plein. L’auteur, âgé de dix-neuf ans, profite du chaos dans lequel sombre la ville de Bagdad pour s’enfuir. S’en suit un long « voyage pour la survie » qui le conduira du Moyen-Orient à l’Europe.

    Jérôme Shammas a fait « sa guerre d’Irak » en refusant de se soumettre à la dictature du « raïs » et à la déchéance de son pays.

    Cet ouvrage, empreint d’émotions et d’humour, relate la bravoure d’un jeune homme considéré comme « traître » par les autorités locales et qui, par sa fuite, a été jusqu’à mettre sa famille en péril. Loin d’être un exercice littéraire, il constitue un témoignage poignant sur les risques pris par de nombreux Irakiens et, plus généralement, par les immigrés clandestins dans l’espoir d’échapper aux régimes dictatoriaux.

    Titre : Bagdad 1991... Adieu Saddam ! Editeur : Editions de l’Egrégore (http://www.editions-egregore.com) Parution : 9 mai 2007 Format : 13x20,5 cm ISBN : 978-2-916335-02-5 - ISSN : 1778-5642

    L’auteur : Jérôme Gazwan Shammas est né en 1971 à Bagdad. Chrétien assyro-chaldéen, chimiste de formation et ancien opposant au régime du « raïs », il a précipitamment quitté l’Irak dans des conditions périlleuses. Il vit et travaille actuellement en France, dans les Alpes-Maritimes.

    Voir en ligne : Bagdad 1991... Adieu Saddam

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