Depuis 18 mois, ce fut un travail acharné avec Patrick Oberli, investigateur suisse dit «le Messi du webdoc» par les Garrincha de la presse foot (So Foot, toujours à fond); et le studio Upian, agitateurs parigots, dits les «créateurs de monstres intéractifs». 18 mois de folie, de nuits blanches et de sueurs chaudes pour en arriver à ça: Hors-jeu. Ce soir, le match aller se termine. A 18h, heure de Paris et de St Etienne, toutes les 99 cartes du documentaire à collectionner seront disponibles. A l’heure où ces lignes sont écrites, ce sont en totalité 226 502 vignettes qui circulent sur les Internets, grâce notamment à plus de 35 414 partages. Beau comme le bar des Stades, en face celui de l’Abbé-Deschamps; où nous nous étions réchauffés un jour de tournage auxerrois.
La carte 90 est celle de Fabio Celestini, belle gueule de l’OM, devenu entraineur du FC Lausanne. Le jour de notre rencontre fut le lendemain de l’assaut du Bataclan. Ce 14 novembre là, il faisait gris, Patrick avait la mine des jours sans mine, Philippe Brault, mon complice de toujours à la caméra, était en mode automatique, rien à voir avec ses acrobaties habituelles (cf. photo plus bas) et moi, en automate ; qu’est-ce qu’on foutait là, ville sans âme, mais la vie qui doit continuer malgré tout, tournage contre carnage, tournage contre naufrage, et si tout ça semblait à cet instant tellement dérisoire, le foot, le fric, des ballons ronds dans un monde qui tourne si mal, c’était peut-être bien pour ça qu’on devait continuer. Faire de son mieux, à tout instant. Quand soudain, le regard de Celestini nous éclaira. Le temps de l’interview, on oublia la merde. Ça ne faisait aucun pli, Celestini est un meneur d’hommes, un coach, en un clin d’oeil, l’ancien international suisse nous redonna confiance. Cette carte, pour dire vrai, n’est pas la meilleure du jeu. Mais lui, avec son regard, et son sourire, et son franc parler, c’est quelque chose.
Aujourd’hui, que dire de la première manche de Hors-jeu ?
Bien sûr, il y a eu le tourbillon Emmanuel Petit, en quelques heures, au lendemain du lancement. En France, puis en Angleterre, en Espagne, bientôt en Amérique Latine. Le témoignage d’Emmanuel Petit (et si la Coupe du monde 1998 avait été « arrangée » ?) avait mis le feu aux poudres. Plus d’un million de vues sur FaceBook, 300 000 sur YouTube.
En quelques instants, l’armada d’«experts télévisés» allait se mettre en branle. Quinze jours après, même TF1 s’y collait encore avec un sketch moyen et des sous-entendus sournois et fieleux exprimés par une membre de Télé-Foot. Haro sur le héros. On ne touche pas au rêve. Petit ne faisait qu’exposer ses doutes; c’était déjà trop: l’omerta dans le foot doit régner. Pour l’équipe de Hors-jeu, c’était un signe. On avait bien fait de mouiller le maillot: il allait y avoir du sport.
20 jours et 20 nuits après la mise en ligne, ainsi est allée la vie de Hors-jeu. Joyeuse, tumultueuse. Le forum des joueurs, plein d’altruisme et d’échanges, fut un régal; avec ce mot d’ordre improvisé «qui pioche, partage», comme un renouement (furtif, temporaire) avec un web ouvert d’antan. Parfois, comme sur le terrain, il y eut quelques incompréhensions tactiques dans l’équipe; une ou deux passes pas assez ou trop appuyées car ainsi est la beauté de la chose en ligne: l’œuvre est vivante, organique. Je pense notamment à des choix techniques tels que YouTube comme hébergeur de nos vidéos; ou encore FaceBook comme une-deux d’une partie de notre mécanique d’échanges, ou encore à l’implication hasardeuse de certains partenaires; autant de points lesquels il faudra bien revenir, après le match retour, dans quelques semaines (mois?).
Buuuut !
Mais tout ça n’est rien. Rien comparé au travail sans relâche, et inouï, de l’équipe d’Upian (en photo, ci-dessus, quelques minutes avant le coup d’envoi, les mines encore fraîches; ou la copie d’écran, ci-dessous, qui date de ce mercredi, laissant entrevoir ce qui attend les mêmes, encore à la tâche). Rien par rapport aux mots de certains de nos protagonistes, au sein même de la buvette-forum du programme. Rien devant la générosité des PK Foot, So Foot, Cahiers du Foot et autres Au Premier Poteau, Les Inrocks ou Le Blog documentaire venus rejoindre l’aventure, au fil des jours, hébergeant une ou deux cartes. Juste comme ça. Pour l’amour du beau jeu.
Aujourd’hui donc, Hors-jeu entre dans sa phase II. A savoir que les neuf tableaux pourront se compléter en quelques heures, et non quelques jours; toutes les cartes circulant ici ou là. Une version «autonome», sans relance, une version en roue libre.
Et si vous avez le temps, passez donc dire deux mots ici:
Bonne collecte, bon match et merci à tous.