La foutaise libérée du renfermé des néo-amis de Sarko

Par David Dufresne, 13 février 2007 | 101 Lectures

Hier, dans Libération, cette tribune pro-sarko de Marc Weitzmann « La synthèse libérale et ferme du candidat de l’UMP. Marc Weitzmann, aujourd’hui écrivain, fut un temps un petit monsieur qui s’occupait de petits livres dans un journal très moyen : les Inrocks. Pendant ces années là, on baillait souvent à le lire. C’était enflé, c’était ronflant. Dans son récent rangement du côté Sarkozy, au moins le méritant M.W. a su rester le même : enflé, ronflant.

Ainsi donc, il écrit tout un tas de petites choses qui en disent fort long sur ces prétendus venus-de-la-gauche-qui-tournent-à-droite. Ces petites choses mal assumées, presque maladroites, touchantes. Comme si ce chemin là pouvait s’effectuer par petites touches, en timidité comme on dirait catimini.

Lisons. C’est amusant. Presque autant qu’ici

D’abord, il y a la très classique rengaine « si vous n’êtes pas d’accord, c’est que vous êtes vieux, c’est que vous n’avez rien compris ». Cette façon de dire que, si on ne les accompagne pas dans le moderne confort, c’est qu’on est juste bon pour la bougie. Cette sollicitude, au fond, est aimable. Ainsi, Marc W. écrit :

« En moins de deux décennies, les sociétés occidentales ont connu des bouleversements technologiques, économiques et politiques sans précédents. Or les discours qui dans ce pays structurent la vie publique, qu’ils soient dits « de gauche » ou « néogaullistes », ont 60 ans d’existence. Ils appartiennent à une époque révolue, celle de la guerre froide. »

Ceci n’est pas un fourre-tout

Allons bon, mon ami. Vous avez raison. Nos sociétés ont connu tant de changements que les fondamentaux qui structurent la vie publique (pour vous paraphraser) appartiennent à une époque révolue. Une époque où la guerre ne savait même pass être chaude. Pauvreté, redistribution, concentration, à la casse, tout ça ? Vraiment. Vraiment ? Quelle joie (triste) de vous voir croire en la technologie comme sauveuse du genre humain. Regardons nous, voulez-vous bien, courbés sur nos claviers. Et vous m’en direz des nouvelles.

Passons sur les lauriers pour le sieur Sarko (qui, nous dit l’écrivain plein d’imagination : « apparaît sans trop de mal à vrai dire comme le plus cohérent, le plus structuré, et ses discours les plus ancrés qui soient dans le monde réel et la société contemporaine » ) et allons ici, au cœur du malentendu :

« Sur la crise et les blocages français, au moins a-t-il le mérite de poser ouvertement un certain nombre de problèmes, comme, parmi bien d’autres, celui de l’égalitarisme, de la méritocratie, ou de la discrimination positive (…) ».

Comment peut on écrire des choses comme ça, sans pouffer ? La crise. Les blocages. Poser des problèmes.

Comment peut-on tenir un tel discours rance ; aligner des mots aussi fades, si vieux, si bloquants, si crisants, en se disant/croyant du côté de la modernité ? Ce n’est plus la synthèse libérale et ferme du candidat de l’UMP, comme vous le titrez. C’est la foutaise libérée du renfermé de ses amis.

Il y a aussi cela, qui interpelle. Cette phrase :

« Cela fait-il de lui un homme providentiel ? Certes non, et l’on pourrait tout à fait critiquer certains points de sa vision des choses, comme sa survalorisation du travail, ses ambiguïtés sur la laïcité (…) »

N’avez vous pas compris, cher M.W., que N.S. ne survalorise pas le travail. Il en fait son étendard. Son drapeau. En sachant pertinemment que 1/ Le vent (du travail) est mauvais et que celui de l’anpe flotte depuis lurette 2/ Que l’Histoire, quoique que vous en disiez, lui donne tort (nous allons vers moins de travail posté et plus de travail partagé depuis la révolution industrielle, et c’est ainsi et c’est heureux). Et donc que 3/ Nicolas Sarkozy n’y pourra rien mais se targuera, comme sur le reste, d’avoir tenté vainement quelque chose là où il n’aura, comme sur le reste, que frétiller.

Aujourd’hui, même, en exergue sur le site du Ministre de l’Intérieur, on lit : «  Depuis 25 ans, tout a été fait dans notre pays pour dévaloriser le travail, décourager le mérite, discréditer la réussite. Il est injuste que ceux qui se lèvent tôt et ceux qui travaillent tard, ne soient pas mieux récompensés que ceux qui vivent de l’assistanat. »

Sur la diabolisation supposée (vous écrivez, sans force : « Encore faudrait-il s’y prendre sans jeter sur lui ­ et sur ceux qui lui trouvent quelques vertus ­ un anathème de principe »), faut-il en rire, là encore, ou commencer, sérieusement, à se demander si vous ne manqueriez pas des fois de relecteur ? Anathème de principe ? Quand tout, absolument tout, chez Sarkozy n’est que cela. Tout son vocabulaire, sa syntaxe, ses axes. C’est son droit. Kärcher motherfucker. Racailles Story. Lafrancetul’aimesoutulaquittes. C’est aussi le notre, de droit, de refuser.

Quant à la thèse qui sous-tend cette tribune (la politique étant déceptive, autant choisir le candidat le moins déceptif), j’ignore encore s’il s’agit d’un emprunt à Gérald Dahan ou au Café des Vignes, à Paris. Quelqu’un peut-il m’éclairer là-dessus ?

Enfin, la conclusion. Magnifique. Lysergique. Il s’agit de la synthèse que vous attribuez à votre mentor « celle d’un libéralisme ferme, mais pour l’instant, en tout cas, mesuré. Et pourquoi pas ? On est loin du grand soir comme de la « rupture » ; mais loin également du cauchemar sécuritaire qu’agite la gauche. »

Soyez aimable, la prochaine fois. Pas d’Anathème de principe, voulez vous. La gauche n’agite rien. C’est la « rupture » qui vente. Et qui brasse du sécusarkoritaire. Soyez aimable, la prochaine fois, révisez vos classiques. Les lois Sarkozy. Le discours Sarkozy. La doctrine Sarkozy. Faites comme lui, assumez. C’est fou, cette habitude que vous êtes en train de prendre, les petits néo-conservateurs à la Française : cette façon de vouloir nous embarquer en douce, sans tout à fait assumer votre position. Finkielkraut chez Domorand (France Inter, en début de semaine) était pathétique dans cette posture là : il voulait notre imprimatur, notre confiance. Un peu comme quand Sarko va à la Mutualité, quémander quelques bribes d’un passé qui ne lui appartient pas.

Et maintenant, jouons.
Ce blog ré-ouvre.

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Messages

  • Bonne nouvelle, de savoir que ce Blog ré-ouvre :)

  • yo ! davduf revient, (et il n’est pas content) ;^P

    foutaise libérée, classique rengaine, discours rance :

    « Une période d’élections est malheureusement toujours une occasion privilégiée de constater à quel point George Orwell avait raison quand il concluait son essai sur « La politique et la langue anglaise » en remarquant que « la langue politique – et avec des variations c’est une chose vraie de tous les partis politiques, des Conservateurs aux Anarchistes – est conçue pour faire paraître les mensonges véraces et le meurtre respectable, et donner une apparence de solidité à du vent pur ». »

    lire J. Bouveresse, sur http://www.lautrecampagne.org/article.php?id=56

  • La seule vraie bonne nouvelle de ce post est la dernière ligne. Paske des « intellectuels » comme Marc W. - qui crachent sur le travail nécessaire qui leur incombe, à savoir le combat contre le pouvoir et sa rhétorique -, perso, je m’en bats les couilles...

    Allez Davduf, ça fait plaisir de te lire à nouveau (et dans cette élégance visuelle), car il va y en avoir besoin, d’espaces comme le tien, dans les temps qui courent (à quelle perte ?)...

    Sinon, merci à bituur esztreym, pour la citation de Bouveresse et l’évocation d’Orwell !

    Sur ce, portez-vous bien, camarades !

blogger|fcuker

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