Les « récapitweeteurs », ces obsessionnels de l’info qui nous réveillent

Par David Dufresne, 17 juin 2022 | 412 Lectures

Les « récapitweeteurs » ont fait des réseaux sociaux la chambre d’écho de leurs indignations, et à partir de là qu’ils entendent mobiliser. Qu’ils s’expriment comme journalistes, économistes ou simples citoyens, il s’appuient sur une méthode qui fait ses preuves : enquêter, compiler les données et les retranscrire dans une forme susceptible de créer la viralité. Hashtags et gimmicks leur permettent de créer la conversation sur des sujets politiques ou économiques a priori arides. Surtout, le caractère redondant de leurs interpellations permet de saisir les abus dénoncés dans leur globalité, de manière à en souligner le caractère systémique.

AllôPlaceBeauvau : susciter le débat sur les violences policières

Il a fait le buzz avec son #AllôPlaceBeauvau, curiosité virale surgie en plein mouvement des Gilets Jaunes. Le journaliste et enquêteur David Dufresne s’empare alors de l’explosive question des violences policières lors des manifestations qui ont scandé les différents actes du mouvement. « Tout est parti d’un coup, sans trop réfléchir, une réaction à l’inaction (globale) des médias (globaux). Tout est parti sur Twitter, là d’où tout part », écrit-il sur son site web personnel.

On se souvient des images chocs : mains arrachées, visages éborgnés, cratères laissés par les balles de LBD et corps meurtris. Écœuré et révolté, le journaliste décide alors de mettre en mot ces images. David Dufresne invente une méthode, un format et un ton. Il « récapitweete » en postant de manière systématique sur les réseaux sociaux et formule une adresse directe à l’attention des pouvoir publics ( « allo @Place_Beauvau - c’est pour un signalement »). En décembre 2018, le premier signalement est lancé. Suivront 986 messages, un hashtag, un compte dédié sur Twitter et, plus tard, une plateforme sur le site de Mediapart (2019 - 2021). Le systématisme de la méthode porte ses fruits : David Dufresne a à son crédit d’avoir lancé « le premier débat national sur la police nationale. »

Son travail d’archiviste patient a été salué par le Grand prix du journalisme en 2019. La méthodologie qu’il a mise en œuvre est étudiée par des universitaires comme un cas d’école de l’engagement politique à l’ère du numérique. Plus encore, David Dufresne a créé des émules. Sa méthode a notamment été reprise par l’économiste Maxime Combes. De ce projet sont nés deux livres et un documentaire diffusé au cinéma. Un travail protéiforme qui a suscité une prise de conscience massive sur une question auparavant largement déconsidérée.

À voir : Un pays qui se tient sage, un documentaire de David Dufresne sur le mouvement des Gilets Jaunes

À lire : Dernière sommation de David Dufresne, Grasset, 2019

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