1992, Paris. La scène pourrait (presque) se passer ailleurs. L’origine géographique a perdu de son importance aujourd’hui : la planète n’est plus qu’un village. 1992, c’est l’avènement du brassage. Bien sûr, jusqu’ici on fusionnait deux styles, trois si l’on voulait se montrer téméraire, quatre si on était réellement inconscient ; Mega Reefer Scratch, eux, ne se limitent pas. Ils puisent et s’approprient le Meilleur là où il est, c’est à dire partout (Londres, New York, Jamaïque) sans se soucier de l’époque. Car des M.C.5 à Public Enemy, de Chester Himes à Francis Ford Coppola, il y a des affinités. Qu’il ne restait plus qu’à lier. Mega Reefer Scratch l’ont fait : Dada et les Surréalistes sévissent encore, mais dans d’autre(s) domaine(s). La musique est un puzzle. Celle de Mega Reefer Scratch a plus de pièces que les autres, voilà tout.
Mais là où la plupart des groupes se contentent d’échantillonner (sampler), Mega Reefer Scratch rassemblent. Ils n’entrechoquent pas les genres, ils les fusionnent. Ouverture, croisements, parallèles, doivent aller avec unité et cohérence. Tout est là. Mega Reefer Scratch l’ont compris. Harry, leur héros emblématique (cf. chansons et texte de pochette intérieur) vaincra. Il a le futur avec lui. Face à l’intolérance, la ruse est la plus forte. Et Mega Reefer Scratch sont des rusés. Leur producteur, Alan Scott (l’homme attitré de chez Vinyl Solution, Thugs et Levellers) a suivi la même évolution qu’eux : parti du Rock, il est venu brouiller le monde (trop codé) de la Dance Music.
Mega Reefer Scratch osent, car ils n’ont rien à perdre. Mega Reefer Scratch ont cette arrogance qui permet tous les éclats et qui facilite la destruction des convenances et des rouages d’un moteur (la Dance Music Industry) huilé depuis trop longtemps. « Honky Soul Times », leur premier album, est une vidange, sans discours fourre-tout ni démagogie. Mega Reefer Scratch ont une vision neuve et inédite de la Chose dansante. Car la réflexion n’est rien sans l’action. Et Mega Reefer Scratch s’impliquent : musiques, textes, pochettes, imagerie. Harry ne se laissera pas faire et nous défendra contre ce monde léthargique. Le sien, le leur, le votre, le mien. Notre monde.
1992, l’heure est à la programmation. Et Mega Reefer Scratch ont prévu deux singles. « Seven Card Stud » est le premier, avec trois remix signés par Chris Bangs, fignoleur de chez Talking Loud et responsable des dernières productions de Galiano et de Definition Of Sound). Le second 12« sera »Monday Morning". Les deux seront appuyés par des vidéos. Hasard et Harry ne font pas bon ménage. Mega Reefer Scratch ne croient pas à la chance, mais à la réaction. 1992, c’est l’avènement du brassage. C’est aujourd’hui et c’est l’heure de Mega Reefer Scratch.