Ce jour là, René S. faisait son travail. Agent du recouvrement, il s’est rendu dans l’Ouest de Nice, a pris l’ascenseur, grimpé au dixième étage d’un immeuble, et a sonné chez les M. Dans l’appare-tement : Ahmed, 70 ans, et Zoara, 65 ans. Il est 10h30, jeudi. Ce week-end, une information judiciaire pour « homicide volontaire » a été ouverte à l’encontre des époux M. Dans l’intervalle, René S. s’était écroulé, atteint en plein cœur d’une balle de fusil de chasse calibre 12.
Directeur de la Société méditérranéeenne de couvrements de créances, René S. s’était en fait déjà présenté chez les M. à cinq reprises. Plusieurs fois, aussi, il leur avait écrit. Objet du litige : une dette de 390 F. contractée dix huit mois plus tôt auprès d’une clinique vétérinaire de la région. Avec les frais de relance, la créance s’élevait à 890 F. Problème : les M. jurent n’avoir jamais possédé d’animal. Et, dès jeudi après-midi, quand ils se sont volontairement constitués prisonniers, Ahmed et Zoara ont déclaré aux enquêteurs être les victimes d’une homonymie.
Selon eux, toujours, le drame s’est passé dans la cage d’escalier de leur immeuble. L’agent de recouvrement sonne. Ils ouvrent. Armé d’une canne, et passablement exaspéré par les différentes relances, Ahmed tente de repousser René S. Dans l’appartement, Zoara, qui estime son mari menacé, décroche du mur un fusil de chasse, et tire. Une fois. René S. meurt sur le coup.
Selon le substitut du procureur de Nice, pourtant, « les premières investigations n’ont pour l’instant pas permis de déterminer avec précision l’auteur du coup de feu ». Les retraités ont tous deux été mis en examen.