biographie

pascal comelade, « El Cabaret Galactic »

Par David Dufresne, janvier 1996 | 5381 Lectures

« Attention ? à jouer au génie, parce qu’on risque de le devenir« disait une voix hésitante et rocailleuse. Celle d’un peintre moustachu dont il est question à la plage neuvième de l’album »El Cabaret Galactic" ».

Pascal Comelade vit donc dangereusement. Attention, à tant aimer Salvador Dali, parce que le musicien risquerait ? hmm ?

De Comelade, chacun y va de sa petite idée, de sa grande interprétation. Choyé, le Catalan ouvre les horizons musicaux, si compartimentés en ces heures de spécialisation marketée. Chacun l’a découvert avant son voisin. Chacun l’a aimé - chérit - bien plus tôt. Pour les vraies - les « bonnes » - raisons. En en parlant à ses amis, mais pas trop. De peur de le perdre, le Pascal. Kézako ? Il y a autant de définitions du sieur que d’amateurs du monsieur. Imbrogglio, pistes brouillées. Trop de définitions n’en donnent aucune. Ici, c’est l’Arte povera. Là, le dada-surréalisme. Ici et là, c’est l’art brut mis en musique. Ici et là encore, le folklore revisité. Ailleurs, ce que vous voulez. On a parlé de tout, et de ce qu’on contraire, aidé en cela par la secrete personne de Comelade, qui parle peu, qui parle rarement.

Faudrait-il ici ajouter des étiquettes ? Ré-interprêter par écrit ce qui n’est, en réalité, qu’une vaste réinterprétation de l’histoire de la musique ? « Orchestre de genre » s’est lui-même raconté Pascal Comelade (Cf. les crédits du « dompteur de mouches de Figueres », plage 5). Quel genre ? Tous les genres ? Hein, faudrait-il préciser, cerner, décrypter, toutes les émotions que contient/dégage/provoque cet album, le treizième de Pascal Comelade ? Le risque serait alors de tuer « El Cabaret Galactic », de lui fermer ses portes. Trop de clarté nuit aux sentiments. Et puis, pour les esthètes, la musique cligne de l’ ?il suffisament, et les notes du livret recèlent de tant d’indices, qu’ils devraient être servis.

On aimerait juste dissiper un malentendu. Evoquer le bricolage Comeladien qui, contrairement aux faciles apparences, n’a rien de passéiste. Se réclamer du passé, jouer des références, est plutôt signe d’une compréhension pointue d’un présent indigne d’intérêt, ou si peu. C’est le Cabaret contre Woodstock II, l’intimisme universel contre le marché planataire, l’alternative sans étiquette contre la marginalisation vidéo-clippée. Pascal Comelade est bien au-delà du présent. Lui, déjà, dans la version finale de « Clair de lune à Pampelune », joue de la « plastic guitar » et de l’« imitation de synthétiseurs ». C’est autre chose qu’un sampler, ça, l’« imitation de synthétiseurs ».

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