Police on my back (Tant qu’il y aura du Rock)

Par David Dufresne, 13 juillet 2013 | 6400 Lectures

Le policier posait toujours la même question. Nom, prénom, domicile, profession ? La garde à vue durait depuis une petite heure. Les flics nous avaient enfermés dans un réduit de la gare Montparnasse. Quand ce fut au tour de Joey Starr, le jeune homme dit, sans mentir : Morville, Didier, Saint-Denis, équilibriste. Ça se passait il y a vingt ans, exactement ; les NTM avaient sorti leur premier album, la France était à genoux ; Suprême Nique Ta Mère, rien, jamais, d’aussi puissant n’était arrivé à ce pays qui n’avait jamais su rock ’n roller vraiment. La garde à vue s’appuyait sur un malentendu, comme tout ce qui a toujours entouré le Bruit des Jeunes Sauvages.

Ce jour là, la France du rail était en grève. Nous avions attendu deux bonnes heures un train pour Angoulème où les NTM devaient se produire. Je les accompagnais pour Best, le plus loose des magazine rock, et le plus beau aussi, tenu par une blonde et grande bourgeoise à qui il fallait quémander le réglement de piges et qui vous faisait sentir ce que lutte des classes veut dire. Quand le TGV entra enfin en gare, sur le quai ; ça s’était agité. Wagon, précipitation, baston et jeu de cons : un homme d’un âge certain, celui que nous avons tous maintenant, s’écrasa littéralement sur la pile de disques de DJ S. L’homme exigeait une place, et se l’arogeait comme Paris s’était toujours arogé l’espace. Un coup était parti, une droite, l’homme était en sang, et c’était pas Joey, monsieur le juge, qui décocha la mandale, je vous l’assure, on serait surpris de savoir qui, d’ailleurs. Les flics déboulèrent, le type leur dit : « laissez tomber, c’est un peu de ma faute... » Mais l’un des policiers regarda Joey et Kool Shen, comme font les flics quand ils flairent la bonne affaire, et la statistique qui se fabrique. Il lança : « Je vous reconnais ! C’est pas vous qui avez dit à la télé qu’on avait des têtes de gorets ? » Les rappeurs : « ouais, ouais, c’est bien nous ». Au poste, un danseur, un petit gars, drôle et nerveux, avait trouvé le mot juste à cette histoire ; il s’était inventé un métier de cirque, et toute la troupe avait embrayé : dompteur, jongleur, clown, Pinder chez les pandores.

Suprême NTM
Suprême NTM
1991, gare montparnasse, avec les Suprême NTM, en route pour le poste de police.

La force subversive de la musique de la rue, si elle existe, était là ; précisément indexée sur l’épaisseur du malentendu. Ce n’est pas la musique elle-même ; qui est politique, moins encore la politique qui serait rock ; la politique c’est le malentendu, c’est la confrontation ; l’impossibilité de vivre ensemble, et son refus le plus radical. Comme Joey, tous équilibristes de nos propres trajectoires :

Tout n’est pas si facile / Tout ne tient qu’a un fil Tout ne tient qu’à un fil / Donc on se doit d’être habile On a tellement tutoyé de fois le bonheur qu’on pourrait mourir demain Sans regret, sans remords Notre seule erreur était de rêver un peu trop fort

Avec mon frère de sang, Yannick Bourg, nous avions lancé à cette période Combo !, revue saisonnière rock et polar, qui n’avait aucune chance de survie. Ce no-future intériosé avait convaincu quelques despérados comme Jean-patrick Manchette de nous accorder du temps et des entretiens. L’écrivain disait des choses très rock, et encore d’actualité, comme quand il revendiquait son anormalité face à la normalité d’un Pasqua. Le rock, c’est ça, juste ça : nourrir le malentendu existentiel ; creuser le fossé entre soi et le pouvoir, jouer avec l’absurdité généralisée. Avec Combo !, nous proposions une vision désespérée, collective, et joyeuse du monde quand les Inrockuptiblesqui ne peuvent pas être rock, littéralement — avaient tout pigé. Ils n’allaient pas tarder à se plier à la FNACitude. C’était toute la mauvaise Histoire du Rock, ça. Vaneigem l’avait écrit, et je n’en savais encore rien :

Aventurier, pionnier, chercheur, fabricant de chimères, prophète ou révolutionnaire n’empruntent aucun couloir, si insolite soit-il, qui ne débouche sur un comptoir de vente.

J’étais plein d’espoirs, mon premier livre s’intitulait Yo ! Revolution Rap, j’y croyais, dans le sillage du Clash, et de sa Revolution Rock. Devant les flics, j’étais en dessous des NTM, incapable d’être beau joueur comme eux. Je dis que j’étais journaliste, le flic me regarda comme font les flics qui flairent la bavure. C’était risible, et ridicule ; un malentendu de plus.

Dans le placard à balai, Joey et Kool Shen entonnèrent a capella un morceau alors inédit : Police.

Police : vos papiers, controle d’identité Formule devenue classique à laquelle tu dois t’habituer. Seulement dans les quartiers Les condés de l’abus de pouvoir ont trop abusé. Aussi sachez que l’air est chargé d’électricité, Alors pas de respect, pas de pitié escomptéee Vous aurez des regrets car : Jamais par la répression vous n’obtiendrez la paix.

Trois heures plus tard, on était relâchés, tous dehors ; affaire classée, affaire sans suite. La chanson Police allait, elle, changer la donne. Pour la première fois depuis la seconde guerre mondiale, des artistes français furent frappés d’interdiction et condamnés à de la prison ferme pour leur art1. Jean-Charles Marchiani, Préfet du Var, en avait décidé ainsi. L’homme de mains de Pasqua, bientôt condamné pour trafic d’armes, avait vu juste, au fond. Des types capables de Police démontraient que tout n’est pas acceptable et que si la Machine devait tous nous broyer, la moindre des politesses exigeait qu’elle ait un peu mal à ses mâchoires. La décision de justice que Marchiani avait remportée contre les NTM, avant de la perdre, disait l’ampleur du malentendu. L’État de Droit est une mascarade ; la musique des Jeunes Sauvages bute toujours là-dessus. Comme dirait l’autre, quand on se bat contre l’Etat, on n’a pas forcément raison, même quand l’Etat a tort ; et monter le son ne sert à rien d’autre qu’à masquer les mensonges du monde — ce qui n’est pas rien, aprés tout.

Désarroi / déjà roi

Quant aux marchands, managers et maisons de disques, n’en parlons pas ; ils ont régné en maîtres dès le premier single sorti de chez Sun Rds. Vingt ans à frayer dans le rock m’ont appris un truc ; pour chaque groupe, ou presque, ne s’offrent que deux solutions : le suicide ou la Cadillac rose ; Kurt Cobain ou le Colonel Parker. Le reste est balivernes. Un gars de R.E.M., passablement énervé par l’image niaise de son groupe, avait un jour balancé la dure vérité ; il avait dit que derrière chaque groupe se tenait un manager pour faire les concessions à sa place. Je sais, j’en ai pleuré, moi aussi. Toutes ces illusions perdues, reprises, reperdues, et enfin anéanties à jamais ; tout cet envers du décor ; toutes ces Majors d’une suffisance épouvantable, ces quelques indépendants piranas misérables à défaut de savoir jouer les requins ; ça vous forge le caractère. Le Punk nous l’a enseigné : la vie n’a pas de solution ; le rock ‘n’ roll lui même est une escroquerie.

 Avec Yannick Bourg
Avec Yannick Bourg
Paris, 1989. Avec ma moitié, époque de la revue Combo ! – Photo : François Poulain
– Photo : François Poulain

Restent des souvenirs, le Sound of Confusion des Spacemen 3, les strip-teaseuses du New Moon avec un ex-Métal Urbain en tenancier de bordel, les Thugs à Seattle, les matchs de foot avec la Mano à Mont-de-Marsan, Sonic Youth à Dresde, Marsu et Kid Loco, Francis Dordor et ses souvenirs de péniche avec les Pistols, Nirvana et le gros TAD à Issy-les-Moulineaux en 1989, 232 entrées payantes, autant de resquilleurs, Chuck D dans les coulisses d’une salle dans la 54ème Rue à Manhattan, qui enlace une big mama, la sienne, et lui montre les photos de sa première tournée en Europe ; ou la cavalcade sur les toits d’un village breton pour aller récupérer le fric du concert des Wampas chez l’organisateur qui, bourré comme un coing, était allé ronfler chez lui avec la caisse.

* *

Cinq ou six ans avant la garde à vue avec les NTM, une autre gare. Le douanier suisse trouvait suspect le jeune garçon que j’étais, maigre à pleurer, shooté à la cafeïne haute dose, sans sommeil depuis des mois, les cheveux gras, sales, les cheveux gominés à l’eau sucrée, le seul gel des punks, avec la bière sèchée peut-être. Je feuillette les photos, on s’habillait comme ça, avec des vestes de sur-vêtements jaune, ou rouge, ou verte, toujours criades, qu’on allait chourrer aux Puces de Clignacourt chez des vendeurs qui, eux mêmes, les payait au kilo trois kopeks six sous à des filières louches de l’Est. C’était du temps du Mur, Berlin partout, les années 80 ; la gauche salope, la gauche Tapie ; on se démenait comme on pouvait. La jeunesse emmerde le front national, c’était notre hymne, on allait terrasser la bête et mort aux cons.

Flic-Armée Porcherie Apartheid Porcherie D.S.T. Porcherie Et Le Pen Porcherie

C’était le temps du rock alternatif. Vingt cinq ans plus tard, on a perdu la bataille ; maintenant, à ce qu’il parait , la jeunesse vote front national. Mais on n’a pas tout perdu : aujourd’hui, tout est (presque) comme on l’avait rêvé : sans noyau central, tout éclaté, la verticalité du pouvoir bientôt à terre ; la contestation immédiate, Internet est passé par là, tout est Fanzine dorénavant, tout est petite structure, même Libé compte aujourd’hui moins de lecteurs que la revue Maximum Rock ‘n Roll de l’époque. Je faisais alors un S.i.v.p, pour Stage d’Insertion à la Vie Professionnelle, chez Bondage Rds, le label des Bérurier Noir, des Ludwig Von 88, des Endimanchés, de tout ce que la France pouvait compter de génération perdue. 1100 Francs par mois, 180 euros, royal au bar, aux frais de la collectivité ; deux ans de chaos, de bisbilles, de concerts-folie, de pochettes de disques à faire imprimer comme on pouvait, de courses-poursuite avec les skins, de stands Ras l’front à tenir, de cartons de disques à ficeler et à expédier par train en loucedé comme des valises de voyageurs, en direction de Lyon, où Virginie Despentes, pas encore écrivaine, déjà punkette, les receptionnait pour les revendre à des disquaires locaux. Deux années de services d’ordre autonomes, de squatts plein de pisses et d’amour, de deglingues, de brouilles, et d’embrouilles, de désespoir et de garçons sans père qui s’embrassaient.

Le douanier me fit un signe de tête. Il me demanda ce que je foutais là, où j’allais, avec qui, et puis, d’abord, c’était quoi ces deux gros sacs lourds qui voutaient encore plus ma silhouette déjà passablement zombie. Je lui répondis la vérité, c’était des masters, des bandes d’enregistrement de studio, des quart de pouces ; ça pèsait une tonne ces machins. Il s’agissait de les rapatrier à Paris ; les bandes contenaient le prochain album des Bérus remixé quelque part à Genève. C’est là qu’il y a eu malendendu. Le douanier me demanda la valeur des paquets, je fis de l’esprit, c’est inestimable dis-je, pour vous, ça ne vaut rien ; pour moi, ça vaut tout. Du doigt, le policier me désigna sa cahute avant de me le mettre dans les fesses. Cette fouille à corps fut la plus directe des insertions dans la vie professionnelle qui soit.

* *

Le temps défile, et remonte. Je devais avoir quinze ans quand le téléphone sonna chez mes parents. Nous vivions à Poitiers, ville morne. Au bout du fil, la voix se voulait amicale, dans les limites basses du suave, c’était une voix d’homme qui fait son travail, sans passion ni tension. L’interlocuteur voulait me rencontrer au sujet de mon premier fanzine, Tant qu’il y aura du rock. Nous étions en 1984, ça explosait de toutes parts. Le rock alternatif, le rock industriel, le revival 60’s, il fallait bien occuper son temps, occuper le terrain, ne rien céder aux années fric qui allaient régner en maîtres et se foutre de nos rêves.

Seattle
Seattle
Seattle, 1990. SubPop, Nirvana, Mudhoney ; les débuts du Grunge.
Photo : David Dufresne.

Au Havre, une partie des éditeurs de Guérilla urbaine, fanzine punk, avaient saccagé toute une rue. En tout cas, c’est ce que la voix m’assurait au téléphone. Ils avaient saccagé une rue, cabossé quelques bagnoles, ou bazardé une vitrine, je ne sais plus, et, sur les punks, les flics avaient retrouvé mon adresse. Alors, la voix au téléphone voulait me poser des questions « sur l’association Tant qu’il y aura du rock dont certains membres auraient commis des actes terroristes ».

Le lendemain, dans le bureau de la voix, ils étaient deux. Deux RG, deux Renseignements généraux ; un gentil, un méchant, bad cop, good cop. Sur le bureau, leur dossier estampillé Tant qu’il y aura du Rock était posé en évidence, épais, tout frais. Peut-être était-il vide, fait de feuilles vierges ou de feuillets sans rapport ? Peut-être avait-il été fabriqué à la va-vite ou mûrement alimenté de notes et de bribes éparses ? Il était impressionnant, j’étais impressionné.

Leur pouvoir me fascinait : qui étaient ces deux hommes pour sonder les âmes et les esprits, scruter les petits A cerclés dans un journal de lycéen libertaire ? Face à eux, du bas de mes quinze ans, je ne faisais pas le fier. Les mots résonnaient. Association. Actes terroristes. Membres qui auraient commis. Quelle était leur légitimité ? Pourquoi je les craignais à ce point ? Que pensaient-ils, au juste, du monde ? Comment agissait-il sur eux ; et eux sur lui ? Cet interrogatoire était une formation express sur les flics et sur la vie même.

Près de trente ans plus tard, enquêtant sur l’affaire dite « de Tarnac », je me rejouais le même face-à-face. Une vague envie d’emmerder, de renifler, d’être un chien fou, mais devenu vieux, mais devenu poli, l’envie de comprendre, de revivre ce moment de basculement où l’on perd des années en quelques minutes, où l’on devient adulte et à l’affût des fautifs qui vous ont propulsé chez les vieux. L’envie d’être au milieu d’eux, Place Beauvau, à la préfecture de police, à boire le café avec Squarcini dans son bureau de la D.C.R.I., dans les commissariats, ailleurs, et de leur dire : cette fois, je pose les questions. Cette fois, je convoque. Pure provoc, et peine perdue.

Il me fallut bien trente ans, et bien des peines, et bien des déboires, pour comprendre le sens de tout ce cirque : la nostalgie, inerte et mortière, ne procure aucune véritable sensation, elle est sans aventure et sans joie ; et les clubs FaceBook des Anciens Rockers Morts pour la Rance me font pleurer. De loin, aujourd’hui encore, je prèfére cultiver le malentendu plutôt que le souvenir ; frayer dans les lignes ennemies que caresser mes vinyls amis ; je préfère la défaite avec panache que les soirées diapos entre vieux cons ; le premier ado venu plongeant avec délice dans l’Electro que tous les Kooples parvenus.

1En novembre 1996, le tribunal de grande instance de Toulon condamnait les NTM à six mois de prison, dont trois ferme, et six mois d’interdiction de chanter sur le territoire français pour « outrages » envers des policiers. Quelques mois plus tôt, le préfet du Var avait menacé le directeur du Théâtre national de la danse et de l’image de Toulon de lui couper les vivres s’il ne déprogrammait pas le groupe. En tant que « représentant de l’Etat, chrétien et homme », Jean-Charles Marchiani estimait que les NTM prennaient « systématiquement comme cible l’image de la femme dans notre société et le rôle des forces de l’ordre ». Ancien de la DGSE, Marchiani sera condamné dans une affaire de ventes d’armes en 2009

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Messages

  • « la nostalgie, inerte et mortière, ne procure aucune véritable sensation, elle est sans aventure et sans joie »... dans un sens trop d’accord :) et pourtant le coup de guillotine tombe sans suffisamment de jugement. Qui sommes nous pour savoir ce que la nostalgie peut créer comme inspiration révolutionnaire ?

    Que certains soient dans un trip nostaligique ou que d’autres soient dans un trip d’aller « renifler » de nouvelles aventures comme des « chiens fous », m’importe peu en soi. J’espère surtout qu’ils dépassent le simple « ego trip », la consommation d’un plaisir individuel... et basta. Backward or forward, qu’ils fassent ce qu’ils font (1) avec plaisir certes mais aussi (2) dans un esprit révolutionnaire, visant à changer la société.

    La manière dont ils trouvent leur inspiration m’importe peu. Qu’elle se trouve derrière eux dans le temps, à côté d’eux, ou devant eux.

    La lucha sigue (siempre con musica :)

  • Je t’ais relu deux fois, j’en frissonne encore... Bien qu’un tout petit peu plus jeune que toi, gamin de quartier, objecteur de conscience, NTM est tatoué dans ma mémoire vive, tampon...morte.

    Et encore bravo pour ton job sur Tarnac !

    Sinon, juste tu as oublié le « a » ici : « à boire le café avec Squrcini dans son bureau de la D.C.R.I. »

    *** may the force be with us ***

  • « Pinder chez les pandores. » : j’adore.

  • j’ai vaguement vécu cette époque, toujours escortée de mecs, non parce que leur compagnie m’était indispensable, mais pour ne pas me faire emmerder... juste pouvoir assister aux concerts qui me plaisaient sans me faire latter la gueule car jugée trop proche du pogo, brancher et taxer, tripoter ou pire encore des body guard pour me protéger des meutes... et cette privation de liberté de circulation dans les lieux / évènements 90 % masculins, je trouvais ça normal à l’époque !!!

    question bonus les pollux : quelle place dans cette sous-culture de branleurs ultra violents pour les femmes (à part vos mères, soeurs et officielle) ? AUCUNE ben aucune c’est pas le problème en s’en tape, on les tape aussi à l’occasion, voilà, des trous, qu’elles fassent pas chier, restent à leur place : nous on est des rebelles, on niques les keufs et ce qui n’est pas notre mèèèèèèère

    bravo messieurs ! quel talent ! merci pour tout...

    vos sous cultures dénoncent de manière percutante à souhait le racisme et la lutte des classes mais quid de votre sexisme revendiqué ?

    je pose la question ! #révolution

  • Très joli phrasé rythmé. Rien à voir avec les lents accents mélancoliques de la nostalgie, effectivement... A chacun sa temporalité !

  • « Tant qu’il y aura du rock », super compil !!! Que de souvenirs ce zine et ces groupes. http://www.recordsale.de/cdpix/v/various-tant_quil_y_aura_du_rock_the_compilation_vol._1.jpg

  • bonjour Monsieur Dufresne,

    quel plaisir de lire ce texte hier matin en attendant mon bus de banlieusard ... Le style m’a projeté dans un polar ... avec les NTM en rockeurs de la société ... c’était beau ! Et voilà enfin Manchette cité ... Manchette, je vous en ai parlé à Versailles ce printemps ... et la référence vous a emue, comme je suis ému de la lire ce matin ... Donc, Manchette vous a parrainé de son aura pour cette revue sans avenir mais pas sans fougue. Mon bus arrive, je range mon smartphone, je poursuivrais la lecture en allant bosser. Mais le voilà qui tourne à droite pour monter l’avenue JB Clément plutôt que de poursuivre tout droit vers Chatillon ... Ah, je suis verni, je me suis trombé de bus ... Pris dans l’exaltation, j’ai sauté dans le premier pour ne rien perdre de toute cette émotion et je vais me retrouver à petaouschnock ... J’informe le conducteur de mon erreur, lui demande de descendre, acceptation suivie d’une impossibilité : il veut bien, mais là c’est pas possible ... je serais donc en retard et ça c’est une bonne nouvelle ! Sur un smartphone, les lignes sont courtes et il faut monter la page régulièrement ... c’est long, c’est lent, ça rajoute au plaisir !!! Je vais pouvoir reprendre depuis la début, j’ai gagné 20 minutes de lecture ...

    Et voilà NTM qui revient ! NTM, j’ai offert, donné comme un cadeau, comme un bijou à transmettre, leur premier disque à mon fils quand il avait douze ans. Plutôt que d’écouter Guetta en boucle, il fallait quand même lui donner la source du rap français ! De la bonne zik, des bases musicales et en l’occasion politiques. Et tant qu’on y est, j’avais ajouté IAM, parce que si c’est moins frontal, si ça donne des mélodies plus gentilles, ça reste farouche et créatif. Et IAM, j’y étais dès le début de votre texte : des réminiscences de Izzo, Total Kheops, la trilogie, que j’ai avalé le mois dernier en quelques jours. Depuis Manchette, j’avais pas eu ça ...

    Ce texte que vous avez livré ne cesse d’osciller entre la narration d’un univers noir et l’autobiographie et ça donne des frissons ... C’est bon ! Et ça manque. Peut-être parce qu’aujourd’hui n’a pas plus d’avenir radieux et de promesses enchanteresses qu’hier. Mais qu’on va quand même pas se tourner les pouces, alors, on y va. Dans l’espoir que toute cette force, ces envies laisseront se distiller entre les mots toutes ces émotions.

    Encore merci,

    au plaisir de vous lire Monsieur Dufresne,

    EC.

    ps : je creuserai votre proposition de cultiver le malentendu, qu’on ne peut levé ni expliqué ... L’augmenter, construire dessus, afin de le maintenir. Ne pas diminuer la distance au risque de l’entretenir et se faire équilibriste ? Voilà, qui répond à la question que je n’ai pas osé vous poser à Versailles : que reste-t-il de voyage au bout de Tarnac ? «  [...] cette fois, je pose les questions. Cette fois, je convoque. Pure provoc, et peine perdue. » Peine perdue ? Bagarre perdue, certainement, comme le sans espoir de nombreux de nos actes. Qui sont les plus importants parce que ne répondant qu’à la nécessité.

  • Cher EC,

    Comment, à mon tour, ne pas vous remercier ? Ce bus raté, votre regard, ce souvenir versaillais de débat avec les Amis du Diplo.

    Merci encore et bonne... Route.

  • On doit avoir à peu près le même âge... Putain de souvenirs qui remontent en lisant ton article... Les keupons des halles, Elno, que j’ai connu là-bas, des bons potes aussi morts comme lui d’une O.D, les squatts, l’îlot Chalon, les concerts des bérus, des Ludwigs, des Peter & The test tube babies, des Toy Dolls... de toute la scène alternative de l’époque... Mon zine a moi (avec un autre pote) s’appelait Barricades, tendance Trostsko-Punk, on y parlait de la nature de l’URSS et des Bérus... et puis... l’Olympia, le dernier concert, les boules.

    Et Manchette que je n’ai pas eu la chance de rencontrer mais que j’avais découvert à la même époque avec ses successeurs polardeux : Jonquet, Daenninckx, Fajardie et toute la bande...

    Déjà on courait vite avec nos lourdes Docs coquées quand Batskin et ses potes prenaient en chasse les crêteux et les Antifas... : j’étais les deux et le suis toujours sans la crête : à 46 ans ça nous a passé... les quarantenaires emmerdent le Front Nazional, bordel ! J’ai pas eu la malchance de Clément Méric... Un sourire en lisant l’épisode du doigt policier dans ton fondement : j’ai connu la même fouille à la même frontière, on a beau être bi un doigt de flic dans le cul, c’est pas franchement bandant... J’avoue que j’ai kéblo musicalement à cette période, le sexisme (souvent) du Rap m’a toujours fait chier quand à l’électro...

    Je dois être un vieux con mortifère, t’as pas tort... Mais le pied aux Trans de Rennes quand les bérus se sont reformés pour un unique concert raccourci par les keufs qui on tiré des lacrymos à tir tendu à travers les vitres de la salle devenue irrespirable : mes potes de 20 ans de moins n’auront vu un live qu’une demie-heure, mais ont joyeusement participés à la nuit d’émeute qui a suivie.... -tout ça pour quelques dizaines de keupons , si, si ! y’en a encore !- qui voulaient entrer sans payer... Normal ! Ca m’avait rajeuni de 20 ans ! :-)

    Un plus si petit agité....

sous-culture

Tim Warren, back from the grave

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