Ils se sont installés en une poignée de minutes, hier vers 11h30, au coeur du marché dominical du boulevard Richard Lenoir, entre les jets d’eau du terre-plein central et les pliants des militants politiques. Certains, comme Anne, 80 ans « dans quelques jours », portent à bout de bras des boîtes aux lettres faites de carton et de slogans (« Pub : la nausée », « Pas de pubs dans ma boîtes aux lettres », « Je digère le courrier, pas la pub ») tandis que d’autres, comme Vincent, 24 ans, « photographe et écologiste », remplissent lesdites boites de prospectus multicolores.
Sous les yeux des habitués du marché, la vingtaine de militants de Résistance à l’agression publicitaire (R.A.P.) y va de son petit spectacle, « Ras les boîtes ». Une banderole insiste : « Non à la pollution publicitaire », et une pétition contre « le gaspillage, la pollution, l’encombrement, la détérioration, la saleté, le fouillis et l’indiscrétion des prospectus » circule.
Dans l’odeur des fruits, des fleurs et des légumes, les commentaires se font multiples. Ici, une femme avance « d’autres combats à mener plus essentiels que l’anti-pub » ; là, une publicitaire, se dit « étonnée » par la manifestation et lâche « mais, vous savez, on a jamais eu d’aussi bons résultats que depuis que l’on fait du marketing direct et du mailing ». Un homme à casquette et tract Front national bougonne : « Ils sont contre la publicité, et ils en font ! Ils nous prennent pour des cons ».
Un autre, à casquette lui aussi, mais sans tract, rétorque : « On peut bien supporter quelques prospectus dans nos boîtes à lettres, si ça crée des emplois ». Ailleurs, on trouve le happening quelque peu « idiot », ou « inutile ». Parfois, on signe la pétition et on encourage les « ceux-qui-ont-bien-du-courage. »
Yvan Gradis, président de R.A.P., qui compte de 250 adhérents de « tous horizons » (du RPR jusqu’aux libertaires), ne se démonte pas : « Parler d’emplois à propos des prospectus, c’est reconnaître que le système actuel engendre des travaux absurdes et indignes : une grande partie des prospectus va directement dans les poubelles. Arguer qu’il y a d’autres causes, c’est une évidence, mais c’est avant tout un alibi de paresseux intellectuels ».
Sur le dérisoire de l’action de la R.A.P., c’est avec une fierté non feinte qu’il rappelle la participation de l’association, depuis le 7 mars dernier, à un groupe de travail réuni par le ministre de l’environnement, et Michel Hanoun, député RPR, auteur d’une récente proposition de loi visant à limiter la distribution de prospectus. Yvan Gradis : « Il y a dans le combat contre la publicité un thème populaire. Le ministre a dû le sentir. Mais nous nous fichons des récupérations éventuelles, nous voulons essayer toutes les solutions qui s’ouvrent à nous. »
Des solutions qui passent, donc, par ce « Ras les boîtes », mais aussi par des « actions cinéma » (interruptions sauvages d’écrans publicitaires, une douzaine à ce jour) ou des « attaques symboliques de panneaux publicitaires ». A 13h30, après le déversement de prospectus, son ramassage, avant de ranger cartons et pétitions (154 signatures). Prochaines actions de la R.A.P., un cinéma le 31 mars, « quelque part dans Paris », et une station de métro le 1er avril, « quelque part dans le réseau. »
Messages
15 mai 2006, 19:37
Depuis 2003 , l’idee a fait son chemin , on peut maintenant retirer des autocollants « stop-pub » dans les mairies pour les coller sur la boite aux lettres . Par contre à la télé , la situation a empirée , beaucoup plus d’ecran pub en 2006 , quand je vois une page de pub , qui peut quand même durer 10 minutes , je coupe le son avec la telecommande , ca limite beaucoup l’imprégnation de notre cerveau . a+
29 juin 2008, 13:53, par Dehousse
Contre l’agression que nous subissons et le gaspillage, sans compter l’exploitation de travailleurs pauvres, je propose qu’au lieu d’afficher sur sa boîte au lettres un autocollant antipub, on crée une loi imposant la solution inverse : la publicité ne pourra être mise dans la boîte au lettres que si le propriétaire a affiché un autocollant précisant « je désire recevoir la pub » Ainsi toutes les boîtes non marquées sont interdites de pub. Il faut inverser le rapport de force.