
C’est un souvenir d’adolescence, un choc, frontal-radical, un film, un texte foudroyant, une phrase sublime à propos des miradors allemands plantés dans les camps de concentration. Le film, c’était Nuit et Brouillard(Alain Resnais, 1955). La phrase, pour décrire l’architecture des lieux, disait à peu près ceci : « le style allemand, le style japonais, sans style ».
C’est Jean Cayrol, poète, ancien résistant et déporté, qui avait écrit ça. En une phrase, tout était dit, tout était ramassé, le désespoir espiègle, l’obersvation-survie, l’humour-refuge, l’humour-refus. Une phrase qui donne envie d’écrire, de changer sa vie.
Jean Cayrol est mort hier.