« A Miami, tout le monde se hait »
C’est bizarre, ce qui se passe aux Etats-Unis. Les journaux disparaissent à toute vitesse. Le Miami Herald est en vente depuis six ans et personne ne veut l’acheter. Les quotidiens sont out, il n’y a plus de beat. Il y a peut-être des jours où il n’y a rien qui vaille un article dans un journal, même si c’est très rare, alors que sur Internet c’est un flux ininterrompu. Quand de jeunes écrivains ou journalistes me demandent un conseil, ce qui est rare, je leur dis toujours : « Sors ! » Beaucoup de jeunes journalistes pensent qu’ils peuvent tout trouver sur le Web, alors je leur dis : « Qui l’a mis sur le Web ? Il fallait bien que quelqu’un aille chercher l’information sur le terrain. » Le reportage n’est pas si difficile, il suffit d’oublier ses propres sentiments et de s’adapter à la vie des gens sur lesquels vous écrivez. Mais beaucoup d’Anglos se sentent humiliés à l’idée de se mettre dans la peau des autres.
J’ai toujours utilisé l’écriture littéraire dans mes reportages. Beaucoup de dialogues, avant tout - pour moi, c’est la base de l’écriture littéraire. Ensuite, sur une construction scène après scène, vous suivez l’histoire sans avoir besoin d’être là. C’est aussi l’abondance de détails pour tout décrire de l’environnement ou du personnage. Par exemple, je peux parler, sur plusieurs pages, des meubles d’un appartement pour qu’on comprenne comment le personnage voit sa place dans le monde. Enfin, j’ai utilisé la méthode controversée du monologue intérieur, ce qu’on appelle au théâtre « down stage voice », la voix off. J’écris dans le jargon, dans l’argot, dans la voix de la personne, je parle de son drame intérieur sans avoir besoin de décrire la situation